Symposium FondaMental au Congrès Français de Psychiatrie 2024
Schizophrénie et autisme : superposer les spectres pour plus de lumière
Organisation et Présidence de session : Dr Jasmina Mallet, CE schizophrénies, Colombes, AP-HP
Symptômes autistiques précoces dans les troubles du spectre de la schizophrénie
Dr Alexandra BOUVARD, Bordeaux
Centre Expert TSA, CH Charles Perrens
La schizophrénie est une pathologie psychiatrique sévère dont l’étiologie n’est pas encore déterminée. La clinique de cette pathologie reste très hétérogène. Le modèle neurodéveloppemental prend aujourd’hui de plus en plus d’ampleur dans la compréhension de ce trouble. L’émergence de l’hypothèse d’un continuum autisme-schizophrénie, étayé par des arguments cliniques, épidémiologiques, cognitifs, en génétique et en imagerie a par ailleurs amené à repenser les liens entre ces deux troubles.
L’étude des signes autistiques chez les patients atteints de troubles du spectre de la schizophrénie invite à observer leur trajectoire développementale et les particularités associées habituellement au TSA afin d’offrir une meilleure compréhension des aspects cliniques et étiopathogéniques de ces troubles.
Autisme, troubles du langage, troubles cognitifs et du cours de la pensée : confusion ou prédiction d’un Trouble du Spectre de la Schizophrénie (TSS) ?
Anouck AMESTOY, PUPH, Filière TND, CE TSA SDI, Centre Hospitalier Charles Perrens, INCIA-CNRS, Université de Bordeaux
Comment distinguer le signes d’alertes de troubles psychotiques chez les personnes autistes ? Parmi les différentes pistes, l’évaluation du langage, des troubles du cours de la pensée et leurs liens avec les fonctions exécutives ont fait l’objet de travaux récents qui permettraient d’affiner les procédures diagnostiques et améliorer les perspectives de prise en charge de ces patients complexes.
Même si les troubles du spectre de l’autisme (TSA) et la schizophrénie sont des troubles distincts par leurs profils cliniques, leurs modes d’entrée et leurs histoires naturelles, les jeunes atteints de TSA ont 3 à 6 fois plus de risque d’être atteint de schizophrénie par rapport aux personnes non-autistes, avec une prévalence estimée de 12 % pour un TSS. Les résultats de la recherche montrent des niveaux variés de convergence et de facteurs de confusion entre les deux troubles.
Diagnostics différentiels entre les troubles du spectre autistique et de la schizophrénie en clinique
Dr Mathieu Urbach, Versailles, CE Schizophrénie
Chez un sujet adulte, la distinction entre un trouble schizophrénique et un trouble du spectre autistique (TSA) peut être ardue. Malgré des histoires naturelles et des cliniques différentes, ils partagent des symptômes et des troubles cognitifs. De plus, des symptômes schizophréniques sont plus susceptibles d’apparaître dans le cadre d’un TSA que dans la population générale.
Des données scientifiques laissent espérer un apport des examens dans le futur, mais le praticien doit s’en tenir à une clinique complexe à laquelle il n’a pas nécessairement été formé. Nous l’illustrerons par trois situations différentes qui montrent l’importance des renseignements développementaux et de la sémiologie. Ces situations ouvrent des questions thérapeutiques et théoriques où doit prévaloir l’intérêt du patient.
Dr Jasmina Mallet, psychiatre au CHU Louis Mourier
Elle est PH en activité de consultations tout venant (CHU, CMP), responsable du centre expert Schizophrénies de Colombes (APHP) et chercheuse en neurosciences attachée à l’Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris (IPNP, unité INSERM U1266). Elle a notamment travaillé sur l’impact des facteurs environnementaux (comme le cannabis ou le tabac) sur le neurodéveloppement et la cognition dans les troubles psychiatriques.
Dr Alexandra Bouvard, psychiatre affiliée au centre expert TSA de Bordeaux
« Le modèle neuro développemental des troubles du spectre de la schizophrénie est aujourd’hui bien reconnu. Cependant, l’exploration dans l’enfance de ces sujets de signes développementaux et en particulier autistiques reste à développer. Nous nous proposons donc d’évaluer en fonction de la charge développementale des sujets la présence de symptômes autistiques dans l’enfance ».
Pr Anouck AMESTOY, Professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent à l’Université de Bordeaux
« La présentation abordera les chevauchements et les distinctions au niveau cognitif, entre le trouble du spectre de l’autisme (TSA) et la schizophrénie (SCZ). Bien que ces troubles aient des profils cliniques et des histoires naturelles distinctes, des similitudes sont observées à plusieurs niveaux, notamment en termes de cognition sociale, de connectivité cérébrale et de susceptibilité génétique. L’évaluation des particularités du langage et des fonctions exécutives pourraient permettre d’améliorer le dépistage et l’étude des comorbidités ».
Dr Mathieu Urbach, psychiatre spécialiste de la schizophrénie instructeur de méditation (MBCT)
« Le diagnostic différentiel entre le TSA-SDI (trouble du spectre autistique sans déficit intellectuel) et la schizophrenie peut être ardu chez l’adulte. En s’appuyant sur mon expérience clinique, je vais essayer de donner des conseils pratiques pour éviter les erreurs, en particulier en montrant que certaines catégories cliniques ne sont pas pertinentes ».