Immuno psychiatrie

L’immuno psychiatrie : vers une transformation de la compréhension des causes et de la prise en charge de près de 40% des personnes atteintes de maladies mentales
Immuno psychiatrie

L’inflammation chronique : origine et mécanismes

Depuis plus de 10 ans, la fondation FondaMental contribue au soutien de la recherche sur l’immuno-psychiatrie. Immunologistes, épidémiologistes, infectiologues, neurobiologistes, psychiatres et psychologues, réunis dans des réseaux de collaborations nationales (RTF Immuno-Psychiatrie) et internationales (Réseau Européen d’Immuno-Psychiatrie), ont pu montrer que près de 40% des personnes atteintes de maladies mentales (dépressions, troubles bipolaires, schizophrénies, autisme..) sont porteurs d’une inflammation de bas niveau chronique, persistante, dont la survenue est la conséquence d’interactions entre des facteurs de risque environnementaux et un terrain génétique qui ne permet pas à ces patients de se défendre contre les agressions telles que les infections, les traumatismes infantiles, la pollution de l’air et l’urbanicité et les mauvaises conditions d’hygiène de vie. 

Chacun de ces facteurs de risque va déclencher une réaction de défense qui se traduit par la production de marqueurs inflammatoires, au niveau sanguin, cérébral et digestif. La réponse génétique à ces agressions s’effectue en différentes étapes dont nous avons montré qu’elles sont toutes compromises en cas de maladies mentales : la réponse immunitaire innée, immédiate est celle qui déclenche la production de cytokines pro inflammatoires, si elle est insuffisante, la défense sera insuffisante. Elle est suivie de mécanismes qui doivent arrêter la réponse inflammatoire, la aussi si elle est insuffisante, l’inflammation va persister, et devenir chronique. La dernière étape, la réponse immunitaire adaptative va renforcer la réponse inflammatoire et déclencher la production d’auto-anticorps. 

Voies biologiques activées

La persistance de cette inflammation chronique va à son tour déclencher l’activation de différentes voies biologiques que nous avons commencé à décrire et qui permet d’identifier des formes cliniques homogènes, dont on connaît les mécanismes et qui peuvent être spécifiquement soignées : 

  1. Les psychoses auto-immunes touchent près de 10 à 25% des patients atteints de schizophrénies ou de troubles bipolaires et sont définies par la présence d’auto-anticorps contre les récepteurs situés au niveau des synapses, comme les auto-Anticorps anti NMDA (Jezequel et al, 2017, Nature Communication) ou contre les récepteurs alpha7 nicotinique (Darrau et al, Translational Psychiatry, 2024). Un essai thérapeutique (TIM DEPIST, PI F Villega, Bordeaux) co financé par la Fondation FondaMental a débuté en Octobre 2024. 
  2. L’immuno-métabolisme est défini par la présence d’un syndrome métabolique qui touche 2 à 4 fois plus fréquemment les personnes atteintes de maladies mentales et est sous-tendu par des anomalies des mitochondries qui sont des organelles intra cellulaires en charge de la production de l’energie dont le corps, en particulier le cerveau a besoin pour fonctionner. Des anomalies de toutes les composantes des mitochondries ont été décrites (pour revue, voir Bernard et al, Brain Behavior and Immunity, 2024) et Zachos et al, Psychiatry Research, 2024. 
  3. L’activation des retrovirus endogènes, qui sont des séquences virales normalement silencieuses, qui peuvent être réactivées en cas d’infections virales et déclencher la production de protéines d’enveloppe retro virales, qui sont neuro toxiques et neuro inflammatoires (Tamouza et al, Translational Psychiatry, 2023). 
  4. Les anomalies de l’axe cerveau intestin sont elles aussi déclénchées par l’inflammation chronique qui va entrainer une augmentation de la perméabilité intestinale, une modification de la flore intestinale (Dysbiose). Nous avons décrit la dysbiose associée à l’autisme, l’association aux gènes des maladies intestinales (Dectin) et débuté un essai thérapeutique (PROMOOD) dans la dépression resistante avec une polymicrobiothérapie dont nous avions auparavant décrit l’efficacité dans un modèle animal (Faucher et al, 20XX). 
  5. L’accélération des processus de senescence démontrés par la réduction de la taille des télomères, à l’extremité des chromosomes qui protègent leur stabilité (Spano et al, 2022), des anomalies épigénétiques qui traduisent des modifcations génétiques (Bourdon et al, Psy Res, 2023) et le veillissement des lymphocytes T à la suite d’infections virales et de traumatismes infantiles (Foiselle et al, BBI, 2022). 
  6. L’activation de la voie des kynurenines, déclenchée par les cytokines, est elle meme responsable d’une baisse de la synthèse de la sérotonine et l’augmentation de la synthèse marqueurs neuro toxiques (Glutamate) (Skorobogatov et al, BBI, 2024)

Plusieurs essais thérapeutiques ont été réalisés 

En 2024 était publiée l’étude DEPIL a permis de tester dans un essai en double aveugle l’efficacité de petites doses de cytokines (IL-2 ) qui ont stimulé la synthèse de cellules T Régulatrices et ont permis d’amender la dépression bipolaire (Leboyer et al, 2024).

Publications scientifiques en immuno psychiatrie

Interview avec le Dr Ryad Tamouza, immunologiste

Interview avec le Dr Ryad Tamouza, immunologiste

L’inflammation est une réaction de défense de l’organisme face à une agression physique ou biologique. Il s’agit d’un processus immunitaire habituellement bénéfique mais il peut devenir délétère si un dysfonctionnement intervient. Pour en savoir plus sur cette composante des troubles mentaux, découvrez la grande interview du Dr Ryad Tamouza

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