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Suicide - Relever le défi de la prévention

Publié le 16 juillet 2019

Professeur de psychiatrie à l’Université de Montpellier, responsable du département d’Urgence et Post Urgence Psychiatrique au CHRU de Montpellier, il est également, depuis 2016, titulaire de la Chaire FondaMental de prévention du suicide, créée avec le soutien de mécènes particuliers et privés parmi lesquels la SNCF et OC-Santé.

Face au suicide, à quels défis sont confrontés les médecins ? 

Il faut que l’on puisse repérer les patients susceptibles de passer à l’acte, afin de leur proposer des prises en charge spécifiques. Aujourd’hui il n’existe aucun indicateur prédictif fiable. L’un des objectifs de la recherche est de parvenir à identifier avec précision les facteurs de risques associés au geste suicidaire.

Quelles ont été les avancées de la recherche dans ce domaine ?

Des progrès importants ont été réalisés. Nous savons que le risque de suicide augmente quand des facteurs génétiques (antécédents familiaux) et environnementaux (maltraitance infantile…) se combinent. Plusieurs gènes liés aux conduites suicidaires ont notamment été identifiés.

En parallèle, nous avons mis en évidence des voies biologiques spécifiques (système sérotoninergique et axe du cortisol), fortement impliquées dans le passage à l’acte suicidaire et responsables de l’impulsivité et de l’anxiété, deux traits de personnalité fréquemment retrouvés chez les suicidants.

Plus récemment, nous avons également démontré l’existence d’une inflammation chronique chez les patients ayant effectué une tentative de suicide. La neuroimagerie est également riche d’enseignements. L’ensemble de ces premiers résultats est très encourageant et constitue une source d’espoir en matière de diagnostic.

 

L’un des objectifs de la recherche est de parvenir à identifier avec précision les facteurs de risques associés au geste suicidaire.

Quels sont leurs apports pour la prévention ?

Il nous faut poursuivre nos travaux pour être capables de repérer les patients avant le passage à l’acte. C’est l’objet de la chaire de recherche que m’a confiée la Fondation FondaMental. Mais d’ores et déjà, améliorer la prise en charge de la dépression aurait un impact bénéfique : les études prouvent qu’un meilleur diagnostic et une meilleure prescription d’antidépresseurs baisse le niveau de risque de suicide.

Autre axe : promouvoir les actions ciblées vers les sujets les plus à risque (ceux ayant déjà fait une tentative de suicide). Maintenir le contact avec les patients après un passage aux urgences constitue une piste : ce que fait le dispositif de veille VigilanS, aujourd’hui déployé sur le territoire.

En quoi consiste votre chaire de recherche ?

Elle a deux grandes ambitions. La première est de développer une application pour smartphone d’évaluation, d’intervention et de prédiction en temps réel du risque suicidaire. La seconde est d’identifier des biomarqueurs du risque de suicide grâce à la constitution d’une banque d’échantillons biologiques. 

 

La e-santé représente une opportunité inédite…

Quelles sont les spécificités de l’appli emma ?

Les patients sortant de l’hôpital après leur première hospitalisation en psychiatrie présentent un risque énorme de suicide au cours de la première année. Il est donc indispensable d’évaluer - et de prédire - le risque durant cette période. De nombreuses études ont montré que la e-santé représente une opportunité inédite car elle permet de lever plusieurs obstacles : elle limite la perte de contact avec les patients et permet de recueillir des informations précieuses, en temps réel et dans leur cadre de la vie quotidienne.

Concrètement, emma propose tous les jours, de façon ou mensuelle une série de questions sur les idées et comportements suicidaires, mais aussi sur diverses dimensions tels que l’appétit, le sommeil, le bienêtre… Selon les réponses, l’appli propose des modules entièrement personnalisés de prévention (gestion des émotions par exemple) ou de crise (l’app propose tous les jours, à l’utilisateur de contacter ses proches, son hôpital ou un numéro d’urgence). Une première étude clinique auprès de 100 patients est en cours pour concevoir l’algorithme.

À l’issue de cette première étude, nous testerons l’efficacité de l’algorithme développé sur une cohorte plus importante (500  patients à haut risque). L’objectif est de créer une app qui pourra in fine déboucher sur des stratégies de prévention du suicide plus personnalisées et plus efficaces.

 

 

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