Il existe un lien entre l'infection par le SARS-Cov-2 et l'activation du rétrovirus HERV-W chez les patients atteints de symptômes psychiques.
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Point recherche du 11 septembre - Ryad Tamouza

Publié le 11 septembre 2023

«Il existe un lien entre l’infection par le SARS-Cov-2 et l’activation du rétrovirus HERV-W chez les patients atteints de symptômes psychiques.»

Dr Ryad Tamouza, chercheur et immunologiste (UPEC, H.U. Henri Mondor, Fondation FondaMental)

Cet été, nous avons publié dans la revue «Translational Psychiatry» une étude résultant d’une collaboration entre l’équipe d’immuno-psychiatrie de l’hôpital Henri Mondor à Créteil, l’équipe de recherche de la société biopharmaceutique GeNeuro (Lyon-Genève), et la plateforme INSERM I2MC (Toulouse). 

Dans cette étude, nous avons montré, tout d’abord, que plus de 80% des patients hospitalisés pendant la première vague de la pandémie de COVID-19 dans un service de psychiatrie de la région parisienne avaient été exposés au SARS-COV-2 – soit 1.6 fois plus que dans le groupe contrôle. De plus, parmi ces patients qui ont été infectés au moins une fois par le SARS-COV-21, 27 % correspondaient au sous-groupe que nous avions décrit dans une précédente étude2, qui associait des troubles psychotiques à l’expression d’un rétrovirus humain endogène, HERV-W. 

Ce rétrovirus est un facteur de risque important pour certaines pathologies psychiatriques comme la schizophrénie et les troubles bipolaires.  Normalement silencieux, le rétrovirus HERV-W peut être activé ou réactivé lors d’une infection et entraîner des syndromes post-infectieux ou des maladies associées, et notamment déclencher ou aggraver certaines maladies psychiatriques.

Avec les chercheurs de la Fondation FondaMental, nous avons démontré qu’une infection par le SARS-CoV-2, même passée inaperçue ou asymptomatique chez des patients psychotiques, peut être à l’origine de cette activation ou réactivation dans un contexte d’inflammation immunitaire innée. 

Ces résultats importants montrent que l’exposition au SARS-CoV-2 chez des patients psychotiques pourrait pourrait participer à l’aggravation voire au déclenchement des troubles, ce qui ouvre la voie à des stratégies de médecine de précision ciblant cette protéine HERV-W chez ces patients présentant des profils post-infectieux et immuno-inflammatoires, notamment après un Covid. 

C’est pourquoi GeNeuro, une société biopharmaceutique développant des traitements pour les maladies neurodégénératives et auto-immunes, a initié un programme avec un anticorps dirigé contre HERW-W ENV (temelimab) pour des patients présentant des symptômes neuropsychiatriques persistants à la suite d’un COVID long. La société a lancé fin 2022 un essai de phase 2, appelé GNC-501, qui évalue l’efficacité clinique d’un traitement de six mois par le temelimab sur l’amélioration des troubles cognitifs et/ou de la fatigue chez les patients atteints du COVID long et présentant des taux circulants élevés de la protéine HERV-W-ENV dans le sang. 

En cas de résultats probants de l’essai clinique en cours, dont les évaluations sont attendus au deuxième trimestre 2024, cette approche de médecine de précision pourrait offrir une solution thérapeutique à des millions de personnes touchées par le COVID long en plus des patients atteints de troubles psychiatriques. 

 

1 Sérologie positive au SARS-CoV-2 (non vaccinale)

2 Ce sous-groupe de patients psychotiques est caractérisé par l’élévation concomitante des taux sériques d’anticorps contre la nucléocapside du SARS-CoV-2, de l’antigène soluble HERV-W ENV et de certaines cytokines pro-inflammatoires. 

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