Autisme au féminin : quelles particularités cliniques ?

L'autisme chez les femmes reste un domaine peu exploré, marqué par des diagnostics souvent tardifs ou manqués. Pourquoi ? En partie à cause du phénomène de camouflage par les concernées, qui masquent consciemment ou inconsciemment certains traits autistiques. Le projet Cam-ASDI s'intéresse à ces stratégies et cherche à mieux comprendre leur impact clinique, tout en développant des outils adaptés pour améliorer le diagnostic et le soutien.
Découvrir les Particularités Cliniques des Femmes Autistes par Anouck Amestoy

Découvrir les Particularités Cliniques des Femmes Autistes : Focus sur le Camouflage

Pourquoi étudier l’autisme chez les femmes ? 

L’autisme est un trouble complexe et fascinant, qui concerne 1 % de la population générale, mais le diagnostic peut s’avérer plus difficile chez les femmes. Pourquoi ? Parce que beaucoup d’entre elles semblent échapper à la détection dans l’enfance ou développent des compétences de compensation ou de «camouflage» de leurs traits autistiques, rendant les signes moins évidents pour les cliniciens. Le projet Cam-ASDI, soutenu par la Fondation FondaMental, s’est penché sur ce phénomène pour comprendre ses impacts et proposer une démarche et des outils diagnostiques plus adaptés aux particularités des femmes. 

Qu’est-ce que le camouflage social ?

Le camouflage, c’est l’effort conscient ou inconscient des personnes autistes pour dissimuler leurs difficultés sociales. Cela peut passer par l’imitation de comportements, la mémorisation de scripts pour les conversations, ou l’ajustement de leurs expressions faciales pour paraître «normales». Ces comportements existent chez toutes les personnes autistes ; mais plusieurs travaux suggèrent qu’ils sont particulièrement courants chez les femmes autistes, souvent poussées par les attentes sociales qui leur imposent de mieux «se fondre dans la masse».

Le projet de recherche Cam-ASDI

Notre recherche s’intéresse spécifiquement aux adultes autistes sans trouble du développement intellectuel en France, avec un échantillon de 350 participants, dont une proportion équivalente d’hommes et de femmes. L’objectif ? Évaluer la prévalence et la sévérité du camouflage à l’aide du questionnaire CAT-Q, un outil reconnu internationalement, mais encore peu utilisé en France.

Nous cherchons à savoir si le camouflage est plus répandu chez les femmes et s’il est lié à des troubles anxiodépressifs ou à d’autres conséquences psychologiques. Pour cela, nous croisons les scores de camouflage avec des indicateurs cliniques comme la sévérité des symptômes autistiques et au fonctionnement cognitif global (évaluée avec des tests standardisés comme l’ADOS-2 et le BRIEF-A pour le fonctionnement exécutif).

Hypothèses et résultats attendus

Nous pensons que les femmes autistes présentent des scores dits « de camouflage » plus élevés que les hommes, ce qui expliquerait en partie pourquoi elles sont sous-diagnostiquées. Ce camouflage pourrait aussi être lié à une plus grande détresse psychologique, y compris un risque accru de dépression, d’anxiété et d’épuisement physique.

L’importance d’un outil diagnostique adapté

En validant et en adaptant le CAT-Q en français, nous espérons offrir aux cliniciens un outil pour mieux penser et caractériser l’autisme chez les femmes. Cela permettrait de réduire les erreurs de diagnostic et d’améliorer le soutien proposé.

Pourquoi c’est crucial ?

Les conséquences d’un diagnostic tardif ou incorrect sont nombreuses : isolement, difficultés professionnelles, santé mentale fragile. En reconnaissant le camouflage comme une stratégie particulièrement fréquente chez les femmes, nous faisons un pas de plus vers une meilleure inclusion et compréhension de l’autisme.

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