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Les oubliés des stratégies de vaccination Covid des pays européens

Publié le 18 février 2021

Une enquête menée par les principales organisations européennes de santé mentale montre que seuls 4 pays européens sur 20 accordent la priorité aux vaccinations COVID pour les personnes souffrant de troubles psychiatriques sévères, alors qu’une multitude de preuves scientifiques confirment que ces dernières font partie des plus à risque. Ces données sont publiées dans un article paru le 17 février 2021 dans la revue du Lancet Psychiatry.

Les auteurs de l’article et les principales organisations européennes de santé mentale demandent à l’Union européenne, ainsi qu’aux autorités sanitaires nationales, de prendre des mesures concertées pour protéger ces personnes vulnérables.

L’absence de prise en compte de la santé mentale dans les politiques nationales de vaccination

Les auteurs ont examiné les plans officiels de déploiement de vaccins disponibles au public et ont contacté des cliniciens dans 20 pays européens pour confirmer les politiques nationales de vaccination.

Ils ont constaté que seuls les Pays-Bas, l’Allemagne, le Danemark et le Royaume-Uni reconnaissent les maladies psychiatriques graves comme une condition médicale à haut risque éligible pour une vaccination précoce.

Il est frappant de constater que la grande majorité des pays étudiés ne font aucune mention de la santé mentale dans leurs recommandations sur les priorités en matière de vaccination.

Le premier auteur de l’article, le Dr Livia de Picker, hôpital psychiatrique universitaire Campus Duffel, Belgique, témoigne : «Tout le monde est préoccupé par le tsunami de problèmes de santé mentale qui suivra l’épidémie de COVID. Mais beaucoup de ceux qui ont déjà de graves problèmes de santé mentale seront confrontés à ces problèmes plus tôt et probablement plus sérieusement. »

Il est urgent de prendre des mesures pour protéger les personnes souffrant de maladies psychiatriques

Les recherches menées indiquent clairement que leur risque de complications graves ou de décès à la suite d’une infection par COVID est aussi élevé, sinon plus élevé, que ceux souffrant de problèmes physiques.

Une vaccination précoce est donc nécessaire pour les protéger d’une infection COVID grave (1 et 2).

La plupart des pays donnent la priorité aux personnes vivant en institution, ce qui ne concernent pas la majorité des personnes souffrant de maladies psychiatriques.

« Ces dernières sont  donc complètement ignorées dans la plupart des plans de vaccination, et cela doit changer. La vaccination est en cours, nous ne pouvons donc pas perdre de temps », poursuit le Dr Livia de Picker.

Environ 1 personne sur 6 en Europe souffrira à un moment donné d’un grave problème de santé mentale

L’enquête a été lancée par le groupe de travail thématique ImmunoNeuroPsychiatry de l’ECNP (Collège européen de neuropsychopharmacologie) sous la direction du Pr. Marion Leboyer (Université Paris Est Créteil, Fondation FondaMental) :

« Les patients atteints de troubles psychiatriques sont à nouveau négligés. Il existe des preuves substantielles des dommages que les patients atteints de maladie psychiatrique  subissent en raison de la pandémie. Par exemple, des travaux récents ont montré que la schizophrénie est le second facteur de risque de décès de la Covid, après l’âge (4). Les pays se tournent souvent vers ce qui se passe ailleurs lorsqu’ils fixent leurs priorités en matière de vaccins, et étant donné que peu de pays donnent la priorité à la santé mentale, cela risque de perpétuer la négligence d’origine. C’est un problème énorme en Europe et il continuera, à moins que des mesures ne soient prises ».

Les organisations qui ont contribué à l’article du Lancet Psychiatry approuvent l’appel lancé à l’Union européenne.

Cette dernière à un rôle primordial à jouer dans l’établissement de normes pour veiller à ce que les patients vulnérables en santé mentale soient prioritaires dans la stratégie vaccinale.

L’article du Lancet Psychiatry a été élaboré en collaboration avec les principales organisations de santé mentale et des associations de patients européennes :

  • Collège Européen de Neuropsychopharmacologie (ECNP)
  •  Association Européenne de psychiatrie (EPA)
  • Fédération européenne des associations de familles de personnes atteintes de maladie mentale (EUFAMI)
  • Alliance mondiale des réseaux de défense des maladies mentales-Europe (GAMIAN-Europe)
  • Section de psychiatrie de l’Union européenne des médecins spécialistes (UEMS-Psychiatrie)

Sources :

1 Increased risk of COVID-19 infection and mortality in people with mental disorders: analysis from electronic health records in the United State, World Psychiatry, 7 Oct 2020. Wang Q, Xu R, Volkow N. DOI:10.1002/wps.20806 

2 Association between mental illness and COVID-19 susceptibility and clinical outcomes in South Korea: a nationwide cohort study. Lee S W, Yang J M, Moon S Y, Yoo I Y, Ha E K F K, Kim S Y, Park U M, Choi S, Lee S-H, Ahn Y M, Kim, J-M, Koh HY, Yon D K. Lancet Psy, Sep 17, 2020, https://doi.org/10.1016/[PII]

3 European COVID-19 exit strategy for people with severe mental disorders: too little, but not yet too late. Picker L, Yolken R, Benedetti F, Borsini A, Branchi I, Fusar-Poli P, Leza J C, Pariante C, Pollak T, Tamouza R, Vai B. Vernon A C,. Benros M, Leboyer M, ECNP Immuno-NeuroPsychiatry TWG. Brain, Behavior and Immunity, Jan 2021. https://doi.org/10.1016/j.bbi.2021.01.008 

4 Association of Psychiatric Disorders with mortality among patients with COVID-19. Nemani K; Li C, PhD; Olfson, M; - Blessing E,; Razavian N, ; Chen J,; Petkova E; Goff D. JAMA Psy, published online on Jan 27, 2021. doi:10.1001/jamapsychiatry.2020.4442

 The Lancet Psychiatry, 17 février 2021 «Severe mental illness and European COVID-19 vaccination strategies» 

 

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