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La connectivité cérébrale et le seuil de perception consciente en lien avec les symptômes psychotiques

Publié le 25 novembre 2020

Fruits de la collaboration entre des cliniciens des Centres Experts de Créteil et de François Widal, des cliniciens du service de psychiatrie de Créteil et des chercheurs de la plate-forme d’imagerie Neurospin, cette étude a été réalisée avec la participation des patients des Centres Experts de la Fondation FondaMental. 

Cette étude confirme l’importance des apports de l’imagerie cérébrale dans la compréhension des mécanismes des troubles psychiatriques, et permet d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche.

La connectivité cérébrale, un élément déterminant de la prise de conscience

De nombreuses études d’imagerie cérébrale ont montré que la perception consciente reposait sur une activation diffuse et synchronisée du cerveau, permettant à différentes aires cérébrales de traiter simultanément une même information.

Ainsi, la connectivité cérébrale semble être un élément déterminant de la prise de conscience. Les patients présentant une schizophrénie et, dans une moindre mesure, les patients ayant un trouble bipolaire ont des anomalies de la connectivité cérébrale. De plus, il a été montré que les patients ayant une schizophrénie ont un défaut d’accès conscient, c’est-à-dire qu’une image doit leur être présentée plus longuement pour qu’ils parviennent à la percevoir et qu’elle ne demeure pas subliminale.

A partir de ces données, des modèles théoriques suggèrent que les idées délirantes (ou psychotiques) sont liées à une trop faible prise en compte par les patients des informations de leur environnement (qui auraient du mal à accéder à la conscience) et une part trop importante part des informations connues a priori par le sujet.

L’élévation du seuil de conscience associée aux symptômes psychotiques

Notre étude cherche à faire le lien entre la connectivité cérébrale, le seuil de perception consciente et les symptômes psychotiques.

Nous avons déterminé la durée minimale de présentation d’une image pour que celle-ci soit perçue consciemment chez quatre types de participants : des sujets sains, des patients ayant une schizophrénie, des patients ayant un trouble bipolaire sans symptôme psychotique et des patients ayant un trouble bipolaire avec symptômes psychotiques.

Cette mesure, reflétant le seuil de perception consciente, était plus élevée chez les participants ayant des symptômes psychotiques (patients ayant une schizophrénie ou un trouble bipolaire avec symptômes psychotiques) que chez les sujets sains ou ayant un trouble bipolaire sans symptôme psychotique, suggérant qu’une élévation du seuil de conscience était associée à la présence de symptômes psychotiques.

De plus, la connectivité cérébrale anatomique, mesurée en IRM de diffusion, était négativement corrélée au seuil de conscience : plus il existait des altérations de la connectivité et plus la durée nécessaire pour percevoir consciemment l’information était longue, confirmant que la connectivité cérébrale joue un rôle crucial dans la prise de conscience.

Enfin, un modèle statistique de médiation nous a permis de montrer que le lien entre dysconnectivité cérébrale et symptômes psychotiques était médié par l’élévation du seuil de conscience, c’est-à-dire que les anomalies de la connectivité cérébrale entraînaient une élévation du seuil de conscience, qui elle-même était associée l’émergence de symptômes psychotiques.

Ces résultats confirment l’importance de la connectivité cérébrale anatomique dans la perception consciente et montre que les anomalies de la conscience sont présentes à la fois chez les patients ayant une schizophrénie et les patients ayant un trouble bipolaire avec caractéristiques psychotiques et joueraient un rôle dans l’apparition des symptômes psychotiques.

Le Pr. Josselin Houenou, Université Paris Est Créteil, Hôpitaux Universitaires Henri Mondor, AP-HP, INSERM explique :

« Notre étude suggère que les patients présentant des idées délirantes ou des hallucinations ont des anomalies de connectivité cérébrale ce qui entraînerait chez eux des difficultés pour accéder consciemment aux informations provenant de l’environnement. 

Ils auraient donc une trop grande confiance dans leurs idées déjà présentes.

A terme, les thérapies pourraient travailler sur cette trop faible prise en compte des informations provenant de l’environnement chez les patients » 

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Disruption of conscious access in psychosis is associated with altered structural brain connectivity

Lucie Berkovitch, Lucie Charles, Antoine Del Cul, Nora Hamdani, Marine Delavest, Samuel Sarrazin, Jean-François Mangin, Pamela Guevara, Ellen Ji, Marc-Antoine d’Albis, Raphaël Gaillard, Frank Bellivier, Cyril Poupon, Marion Leboyer, Ryad Tamouza, Stanislas Dehaene and Josselin Houenou

Journal of Neuroscience 23 November 2020, JN-RM-0945-20; DOI: https://doi.org/10.1523/JNEUROSCI.0945-20.2020 

 

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