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Dépression : les espoirs de la stimulation transcranienne

Publié le 12 juin 2017

Identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques dans la dépression

La dépression touche plus de deux millions de Français chaque année. Maladie psychiatrique la plus fréquente, la dépression peut connaître une évolution chronique et s’accompagner de complications sévères (troubles cognitifs, pathologies somatiques associées, risque de suicide…). Dans 15 à 30% des cas, les stratégies thérapeutiques standards proposées restent inefficaces avec des conséquences certaines sur la qualité de vie des malades, ainsi que sur la vie sociale, familiale et professionnelle. Comprendre les ressorts de la résistance aux traitements et identifier de nouvelles voies thérapeutiques sont des enjeux de tout premier ordre.

Les espoirs de la stimulation transcranienne

Parmi les nouvelles voies thérapeutiques, la stimulation transcranienne (tDCS) émerge comme une voie prometteuse dans le traitement de différentes pathologies neurologiques et psychiatriques (addictions, dépressions sévères, schizophrénies résistantes, troubles cogntifis…). La tDCS consiste à utiliser un courant électrique continu de très faible intensité appliqué sur le cuir chevelu et de manière répétée pour stimuler des régions cérébrales impliquées dans la physiopathologie de la dépression. Cette technique pratiquée sans anesthésie est simple et bien tolérée.

Objet de nombreux travaux au niveau international, elle ne fait toutefois l’objet d’aucun consensus et ne figure pas parmi les recommandations validées par la Haute Autorité de la Santé en France. Aujourd’hui, cette technique de neurostimulation non invasive est uniquement proposée, en France, dans le cadre de travaux de recherche.

Une étude sur un modèle murin aux résultats prometteurs

Une équipe de la Fondation FondaMental (le laboratoire de Neurosciences intégratives et cliniques, EA 481, Université Bourgogne Franche-Comté) travaille depuis plusieurs années sur la stimulation transcranienne pour comprendre ses mécanismes d’action et identifier la bonne indication thérapeutique de ce traitement.

Pour ce faire, les chercheurs ont mis au point un dispositif original permettant d’utiliser la tDCS  chez le rongeur. Ces travaux ont permis de démontrer que la tDCS induit un effet antidépresseur robuste et durable (au moins 60 jours). Ces améliorations comportementales sont associées à une activation neuronale dans plusieurs régions cérébrales en lien avec la régulation des émotions. De façon intéressante, ces résultats suggèrent que l’effet antidépresseur à long terme induit par 10 séances de tDCS est associé à des phénomènes de plasticité cérébrale c’est à dire à une modification durable du fonctionnement des neurones et donc du cerveau.

Le point avec le Pr Emmanuel Haffen

Nous avons travaillé avec deux modèles murins, chez lesquels des comportements de type dépressif ont été expérimentalement induits, en activant l’axe du stress dans un cas et en activant le système inflammatoire dans l’autre. Nous tirons deux enseignements majeurs. Le premier : la tDCS doit avoir une certaine intensité et être répétée dans le temps pour être efficace. La seconde : la tDCS fonctionne dans les deux modèles murins, suggérant que ces mécanismes d’action agissent sur le système du stress comme sur le système inflammatoire.

D’autres études sont en cours pour identifier les voies mises en jeu à la base de l’effet antidépresseur de la tDCS, ceci, afin d’optimiser l’utilisation de la tDCS en pratique clinique et donc d’améliorer la prise en charge des patients.

Brain Stimul. 2017 Mar 29
The antidepressant-like effect of tDCS in mice: A behavioral and neurobiological characterization
Tanat Peanlikhit, Vincent Van Waes, Solene Pedron, Pierre-Yves Risold, Emmanuel Haffen, Adeline Etievant, Julie Monnin

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