«Le vieillissement cellulaire prématuré peut se mesurer au niveau de l’ADN des personnes souffrant d’un trouble bipolaire.»
Dr Céline Bourdon - Post-Doctorante - INSERM UMRS 1144.
L’espérance de vie est diminuée d’environ 10 ans dans les troubles bipolaires, comparativement à la population générale. Cette observation serait en lien avec un vieillissement cellulaire accéléré. Ce vieillissement peut être mesuré au niveau de l’ADN, en analysant des sites de méthylation qui se modifient avec l’âge des individus. On parle alors d’âge épigénétique.
L’âge épigénétique correspond donc à l’âge théorique d’un individu en fonction du niveau de méthylation de son ADN. Il est ensuite possible d’estimer si un individu présente un vieillissement cellulaire accéléré en calculant la différence entre son âge civil et son âge épigénétique. Si l’âge épigénétique est plus élevé que l’âge civil, on parlera de vieillissement accéléré au niveau de l’ADN.
Dans cette étude, nous avons calculé l’âge épigénétique de six manières différentes et nous l’avons comparé à l’âge civil chez 184 personnes souffrant de troubles bipolaires. Nous avons ensuite étudié si les personnes qui présentaient un âge épigénétique supérieur à leur âge civil (et qui sont donc considérés comme «prématurément vieillis») avaient des caractéristiques particulières.
Pour chacune des six horloges épigénétiques étudiées, environ la moitié des individus peuvent être considérés comme présentant un vieillissement accéléré de l’ADN. Il existe donc une proportion inverse d’individus qui ne présentent pas de vieillissement prématuré. Ce vieillissement est plus prononcé chez les personnes qui sont en surpoids ou souffrent d’obésité, chez les personnes qui consomment du tabac, et chez celles qui ont été exposées à des maltraitances dans l’enfance. Nous ne retrouvons pas de liens avec l’évolution du trouble bipolaire (nombre d’épisodes au cours de la vie), ni avec les traitements actuellement prescrits.
Cette étude permet donc de définir qu’environ la moitié des personnes souffrant d’un trouble bipolaire présentent un vieillissement accéléré de leur ADN. Nous suggérons également que certains facteurs modifiables comme le tabagisme ou le surpoids/obésité peuvent être en lien avec ce vieillissement. Ceci conduit à envisager que l’on pourrait potentiellement agir en prenant mieux en charge les problèmes de surpoids et le sevrage tabagique chez les personnes souffrant de troubles bipolaires.
Ce travail de recherche a été conduit par :
Dr Céline Bourdon - Post-Doctorante - INSERM UMRS 1144
Dr Cynthia Marie-Claire - Directrice de recherche CNRS - INSERM UMRS 1144
Professeur Bruno Etain - Université Paris Cité
Ce travail a été financé grâce au Prix Marcel Dassault - Fondation Fondamental 2021, à la Fondation de France et à l’Agence Nationale pour la Recherche (projet ANR CTScarBip).