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Troubles bipolaires et risque suicidaire

Publié le 9 mars 2017

Le réseau des Centres Experts FondaMental Troubles bipolaires  a conduit une nouvelle étude parmi les patients reçus en consultations afin de déterminer les facteurs impliqués dans le risque suicidaire. Publiée dans Acta Psychiatrica Scandinavica, cette étude longitudinale s’est intéressée à l’impact de la labilité affective sur le risque suicidaire chez des patients souffrant de troubles bipolaires.

Le risque suicidaire, une épidémiologie préoccupante

Classés parmi les dix pathologies les plus invalidantes selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les troubles bipolaires sont associés à un taux important de suicide (11-19 %).

Chaque année, 1500 personnes souffrant de troubles bipolaires décèdent par suicide.
De fait, le repérage des personnes à risque de conduites suicidaires et l’ajustement des stratégies thérapeutiques qui leur sont proposées constituent un enjeu majeur de la prise en charge des patients bipolaires.

Prévenir le risque suicidaire par l’identification d’une nouvelle cible thérapeutique

Le réseau des Centres Experts FondaMental troubles bipolaires s’est intéressé plus particulièrement au lien entre labilité affective et survenue d’idées de suicide chez des patients bipolaires sur un suivi de deux ans.
La labilité affective  correspond à la fluctuation des affects au cours du temps. Contrairement à l’alternance entre les épisodes dépressifs et maniaques qui s’installent dans le temps, la labilité affective se caractérise par une variation très rapide des émotions, une propension à passer très brièvement d’un état émotionnel à un autre.

Pour ce faire, 319 patients bipolaires euthymiques ou avec une symptomatologie dépressive d’intensité légère, recrutés dans les Centres Experts troubles bipolaires de la Fondation FondaMental, ont été inclus dans l’étude. Tous les patients étaient sans idées suicidaires au début de l’étude.

Cette étude a mis en évidence que les patients bipolaires avec des hauts niveaux de labilité affective avaient trois fois plus tendance à présenter des idées suicidaires au cours du temps, même après ajustement sur des facteurs de confusion potentiels tels que l’âge, le niveau d’étude, la cyclicité rapide du trouble bipolaire, le niveau de symptomatologie dépressive à l’inclusion dans l’étude, les troubles anxieux et l’histoire de tentative de suicide sur la vie.

En outre, le risque de présenter des idées suicidaires augmentait avec le niveau de labilité affective.

Perspectives, la parole à Déborah Ducasse

Psychiatre praticien hospitalier au CHU de Montpellier et rattachée à l’Inserm U1061, le Dr Déborah Ducasse explique :

»Nos travaux démontrent l’impact de la labilité des affects sur la survenue d’idées suicidaires chez les patients bipolaires, dimension très peu étudiée jusque-là. Les résultats suggèrent la nécessité d’évaluer plus systématiquement la comorbidité borderline, dont la labilité affective est également une composante forte. Par ailleurs, réduire la labilité affective pourrait devenir une nouvelle cible thérapeutique dans la prévention suicidaire chez les patients bipolaires. Dans cette perspective, les interventions basées sur la mindfulness apparaissent comme des stratégies prometteuses

Référence :
Ducasse D. et al. FondaMental Advanced Centers of Expertise in Bipolar Disorders (FACE-BD) Collaborators., Olié E, Courtet P. Affect lability predicts occurrence of suicidal ideation in bipolar patients: a two-year prospective study. Acta Psychiatr Scand. 2017 Mar 5.

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