Trajectoires d’observance et symptômes dépressifs dans les troubles bipolaires
Un enjeu pour le pronostic des patients
L’observance peut être définie comme le degré de respect par le patient des prescriptions de son médecin. Elle représente un enjeu important pour le pronostic des personnes atteintes de troubles bipolaires.
La non-observance d’un traitement peut entraîner des conséquences cliniques graves telles que les risques de rechute, de récidive ou de suicide. Or les études estiment qu’environ 1 patient sur 2 ne suit pas ses prescriptions médicales avec régularité.
Comprendre l’évolution et les mécanismes de l’observance
Dans cette étude, les chercheurs et cliniciens du réseau des Centres Experts de la Fondation FondaMental se sont interrogés sur l’évolution de l’observance dans le temps chez les personnes atteintes de troubles bipolaires.
L’étude a également cherché à identifier les facteurs qui pourraient altérer les comportements d’observance au cours du temps. Comprendre les mécanismes associés à une mauvaise observance pourrait permettre, à terme, de mieux détecter les patients les plus vulnérables et de leur proposer des prises en charge spécifiques pour améliorer le suivi des traitements.
Une amélioration de l’observance dans le temps
L’étude s’est basée sur un échantillon de 1627 patients issus de la cohorte FACE Troubles Bipolaires. Cette population a été suivie à plusieurs reprises pendant deux ans au sein des Centres Experts FondaMental. Les résultats confirment que l’observance des traitements est un phénomène dynamique et hétérogène chez les personnes atteintes de troubles bipolaires.
L’étude distingue trois trajectoires possibles d’évolution :
- Un groupe de patients rencontrant d’importantes difficultés d’observance au départ et dont l’observance s’est fortement améliorée au cours du suivi
- Un groupe de patients rencontrant des difficultés d’observance au départ et dont les difficultés se sont aggravées au cours du suivi
- Un groupe de patients présentant soit une bonne observance soit quelques difficultés au départ et dont l’observance s’est maintenue voire améliorée au cours du suivi
Pour la majorité des patients suivis au sein des Centres Experts FondaMental et inclus dans cette étude, l’observance s’est améliorée au cours des 2 ans en accord avec les résultats d’études précédentes.
Affirme Julia-Lou Consoloni, psychologue à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Marseille et membre du réseau des Centres Experts Troubles Bipolaires.
Tenir compte du rôle des symptômes dépressifs dans l’évolution de l’observance
L’analyse des différents facteurs pouvant influencer l’évolution de l’observance a mis en lumière un lien entre l’évolution des symptômes dépressifs et celle de l’observance. Plus les symptômes dépressifs étaient importants, moins bonne était l’observance. En effet, la dépression est associée à des troubles cognitifs tels que des déficits d’attention ou de mémoire qui ont un impact sur la capacité des patients à poursuivre leur traitement.
À l’inverse, plus les symptômes dépressifs étaient faibles, meilleure était l’observance du traitement. Une bonne tolérance aux médicaments psychotropes, de faibles symptômes dépressifs, l’absence des troubles alimentaires associés et des médicaments antiépileptiques participent de manière générale à un meilleur pronostic d’observance.
Cette étude démontre qu’un changement de paradigme est primordial lorsque l’on considère l’observance chez les personnes atteintes de troubles bipolaires car il s’agit d’un phénomène complexe, hétérogène et instable.
D’autres études longitudinales sont nécessaires afin d’explorer davantage le rôle des symptômes dépressifs sur l’évolution de l’observance et pour étudier l’effet des interventions psychosociales
Soutien le Docteur Raoul Belzeaux, chef du Centre Expert Troubles Bipolaires du Pôle de Psychiatrie de l’Hôpital Ste Marguerite à Marseille