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Traiter l’inflammation chronique pourrait soigner les maladies psychiatriques

Publié le 17 juillet 2019

L’émergence de nouvelles études portant sur la relation entre le système immunitaire, l’inflammation, le stress et le cerveau montrent que certaines maladies considérées jusqu’à présent comme étant exclusivement psychiatriques pourraient aussi avoir une explication neurologique. C’est le cas de la schizophrénie, des troubles du spectre de l’autisme, des troubles bipolaires ou encore de la dépression dont la cause pourrait être, dans certains cas, une inflammation chronique entrainant des troubles cognitifs et comportementaux à l’origine des symptômes.  

Appréhender ces maladies psychiatriques sous un regard neurologique et immunitaire ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques puisque certains traitements immunosuppresseurs déjà connus pour traiter la sclérose en plaques ou l’encéphalite auto-immune pourraient trouver leur place dans la prise en charge de ces patients. 

Publiée dans Nature, une étude franco-allemande, réalisée en partenariat entre une équipe de la Fondation FondaMental (Inserm U955, Université Paris Est Créteil) et l’université et de Mainz, bouscule les idées reçues sur les causes de ces maladies et leurs traitements potentiels

A travers une revue de la littérature internationale, les auteurs ont analysé les différents travaux scientifiques publiés.

L’inflammation agresse le système nerveux central et augmente le risque de maladie psychiatrique

Longtemps considéré comme protégé par le système immunitaire, le système nerveux central (SNC), et en particulier le cerveau, peut lui aussi être le siège d’une inflammation chronique provoquée par une attaque auto-immune. Sous l’influence du stress ou d’une infection, les lymphocytes T et la microglie, une population de cellules permettant habituellement de défendre l’organisme contre des agents infectieux, peut s’activer et produire des substances pro-inflammatoires qui entretiennent l’inflammation et détruisent les neurones. 

Figure | En cas de maladie neuropsychiatrique inflammatoire, les lymphocytes et les cellules myéloïdes non microgliales, tous deux présents dans les vaisseaux lymphatiques en bonne santé, traversent la barrière hémato-encéphalique et envahissent le SNC.

Dans le cas de la dépression et de l’anxiété par exemple, le système immunitaire serait suractivé au cours de la vie, augmentant ainsi la vulnérabilité du cerveau et les risques de survenue de la maladie. Cette suractivation anormale pourrait même être présente avant la naissance et augmenter le risque de schizophrénie ou d’autisme.

Va-t-on un jour prescrire des immunosuppresseurs aux malades psychiatriques ?

Les médicaments immunomodulateurs sont connus et utilisés depuis de nombreuses années pour traiter les maladies auto-immunes neurologiques classiques comme la sclérose en plaque ou l’encéphalite. Qu’il s’agisse des stéroïdes, de la plasmaphérèse, de l’immunoglobuline intraveineuse, du cyclophosphamide ou des anticorps monoclonaux agissant sur les lymphocytes B, ils pourraient permettre un jour de traiter aussi les maladies psychiatriques

Certaines études récentes ont révélé des résultats prometteurs, notamment dans le traitement de certains enfants avec autisme souffrant d’inflammation, ou d’adultes atteints de schizophrénie, pour qui un traitement immunosuppresseur ou une transplantation de moelle osseuse ont permis de réduire significativement les symptômes.

Il en est de même pour la dépression, avec l’utilisation d’immunomodulateurs ou d’anti-inflammatoire non stéroïdiens qui pourraient traiter certains patients. Ces études ont d’ailleurs permis de mettre en évidence le rôle anti-inflammatoire, jusque-là méconnu, des ISRS (antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, très utilisés à l’heure actuelle).

Des découvertes qui bousculent les concepts de maladie psychiatrique

Ces études cliniques sont non seulement susceptibles de faire évoluer la psychiatrie vers la neuropsychiatrie mais aussi d’inciter les professionnels de santé à rechercher des signes d’inflammation via certains examens complémentaires comme une IRM du cerveau ou des dosages dans le sang et le liquide céphalo-rachidien de certains marqueurs comme la CRP, le TNF ou l’interleukine-6. 

En outre, «de nombreuses réponses restent encore à trouver en ce qui concerne les mécanismes de survenue de ces maladies et l’efficacité de ces traitements. Pour relever ces défis, l’association des neurologues et des psychiatres dans ce nouveau domaine qu’est l’immunoneuropsychiatrie semble prometteuse pour de nombreux patients» explique le Pr Marion Leboyer, une des auteurs de l’étude. 

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Source : Pape K, Tamouza R, Leboyer M, Zipp F. Immunoneuropsychiatry - novel perspectives on brain disorders. Nat Rev Neurol. 2019 Jun;15(6):317-328. doi: 10.1038/s41582-019-0174-4.

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