Classés parmi les dix pathologies les plus invalidantes selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les troubles bipolaires sont associés à un taux important de suicide (11-19 %). Chaque année, 1500 personnes souffrant de troubles bipolaires décèdent par suicide.
Savoir repérer les patients bipolaires à risque de conduites suicidaires et leur proposer des prises en charge spécifiques constituent un enjeu majeur de la prise en charge des patients bipolaires pour prévenir les passages à l’acte.
Comprendre la vulnérabilité au suicide
Contrairement aux idées reçues, le geste suicidaire n’est pas le fruit d’un acte d’autodétermination ou de libre arbitre, ou encore un chantage vis-à-vis de l’entourage. Il résulte d’une souffrance psychologique extrême, jugée insupportable par les personnes qui en sont victimes.
Les travaux de recherche de ces dernières années ont démontré que nous ne sommes pas tous égaux face au risque de suicide et qu’il existe une vulnérabilité au suicide. Celle-ci nous rendrait plus fragile en cas d’exposition à des événements de vie douloureux (perte d’un emploi, deuil, difficultés conjugales…), favorisant le passage à l’acte.
De nombreux travaux ont démontré que la vulnérabilité suicidaire naîtrait de la rencontre entre un «terrain génétique» particulier et des facteurs environnementaux spécifiques… Le seul «terrain génétique» ne suffit donc pas à expliquer les passages à l’acte et les chercheurs s’intéressent, depuis plusieurs années, aux facteurs environnementaux impliqués dans les conduites suicidaires. Le rôle des traumatismes infantiles, du stress post-traumatique ou encore des altérations du sommeil a été particulièrement étudié. Les études génétiques ont quant à elles permis de mettre à jour l’implication de certaines voies biologiques intervenant sur l’impulsivité et l’anxiété. D’autres travaux ont établi un lien entre mécanisme inflammatoire et risque suicidaire. Enfin, la neuro-imagerie est également riche d’enseignements, suggérant que les personnes à risque de suicide seraient particulièrement sensibles aux expériences d’isolement, de rejet social ou de désaprobation.
Une chaire de prévention du suicide
La Fondation FondaMental a créé, avec le soutien de la SNCF et de mécènes, une chaire de prévention du suicide, portée par le Pr Philippe Courtet, professeur de psychiatrie à l’Université de Montpellier, responsable du service d’urgences et post-urgences psychiatriques du CHU de Montpellier, chercheur à l’Inserm et spécialise international de la recherche sur les facteurs de risque du suicide.
Cette chaire a deux objectifs:
- Progresser dans l’identification des facteurs prédictifs (cliniques, environnementaux, et biologiques) de survenue de conduites suicidaires, à partir d’une étude de suivi de sujets à haut risque suicidaire (idées et tentatives de suicide).
- Améliorer la mesure et le suivi du risque suicidaire en temps réel grâce au développement d’outils connectés.
L’identifcation des mécanismes biologiques impliqués est un enjeu de taille: c’est une étape essentielle pour découvrir des marqueurs biologiques susceptibles d’aider au repérage des personnes à risque et d’innover dans la prise en charge des patients. Pr Courtet
Aller plus loin
Les travaux récents des équipes de la Fondation FondaMental
La labilité affective: un facteur de risque et une cible thérapeutique dans les troubles bipolaires
Vulnérabilité suicidaire et axe du stress: vers un nouveau modèle de compréhension du risque suicidaire?
Le Psylab
Jeff et Chris, les deux psychiatres youtubeurs qui déconstruisent les idées reçues autour des maladies mentales, ont consacré une vidéo au suicide. Leurs mots d’ordre: on peut éviter les passages à l’acte en étant attentifs, en prenant les appels à l’aide de nos proches au sérieux et en favorisant les prises en charge médicales.