«Les acides gras polyinsaturés oméga-3 prédisent la réponse au traitement antidépresseur chez les patients déprimés.»
Dr Sofia Cussotto, chercheuse post-doctorante , INRAE, NutriNeuro, Université de Bordeaux.
La dépression compte parmi les pathologies psychiatriques les plus fréquentes et près d’une personne sur six a souffert ou souffrira d’une dépression au cours de sa vie. En dépit des progrès réalisés tout au long des dernières décennies, que ce soit dans le domaine de la psychopharmacologie ou des psychothérapies, un tiers des patients déprimés ne répondent pas aux médicaments antidépresseurs standards.
Dans une étude multicentrique récente réunissant les centres experts de Bordeaux et Paris-Créteil ainsi que des équipes internationales allemandes et espagnoles, l’équipe du Dr Lucile Capuron s’est intéressée au rôle des déterminants nutritionnels dans la résistance aux antidépresseurs, avec une attention particulière portée aux acides gras polyinsaturés oméga‐3 connus pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Sur un échantillon de 60 patients déprimés, nous avons pu monter que de bas niveaux d’oméga‐3 dans le sang sont associés à des symptômes dépressifs plus sévères. De plus, ces faibles niveaux d’oméga‐3 prédisent fortement l’absence de réponse aux antidépresseurs standards après huit semaines de traitement. A l’inverse, les patients montrant des niveaux élevés d’oméga-3 répondent favorablement aux antidépresseurs.
Ces résultats identifient les oméga‐3 comme nouveaux biomarqueurs de la réponse au traitement dans le trouble dépressif caractérisé. Ils ouvrent des perspectives thérapeutiques innovantes et prometteuses à travers le développement d’interventions nutritionnelles ciblées dédiées aux patients déprimés non-répondeurs, présentant un faible statut en oméga-3. Une telle stratégie devrait contribuer à promouvoir à terme une médecine personnalisée dans le champ de la santé mentale.