Identifier les facteurs déterminants de la qualité de vie des personnes vivant avec une schizophrénie
Prendre en compte la mesure de la qualité de vie des personnes
Aujourd’hui, le rétablissement et l’évolution clinique ne sont plus uniquement évalués selon les symptômes mais tiennent également compte de la qualité de vie des personnes souffrant de schizophrénie.
Selon l’OMS, la qualité de vie est définie comme la perception qu’un individu a de sa place dans la vie, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses inquiétudes. Ce concept peut être influencé de manière complexe par sa santé physique, son état psychologique et son niveau d’indépendance.
Bien que ce type de mesure soit nécessaire pour évaluer le devenir des malades, les facteurs psychologiques, cognitifs ou médicaux contribuant à la qualité de vie demeurent indéterminés puisque la plupart des études ont recours à des méthodes divergentes.
Construire un modèle incluant un maximum de facteurs
Dans l’étude menée, l’objectif principal était de construire un modèle intégrant un maximum de facteurs explicatifs de la qualité de vie, parmi lesquels :
- la capacité d’insight, c’est-à-dire la conscience des troubles,
- le niveau de fonctionnement global au quotidien (psychologique, social et professionnel),
- les symptômes,
- les capacités cognitives.
Pour y parvenir, les chercheurs ont travaillé à partir des données recueillies lors des évaluations au sein des Centres Experts FondaMental de 776 patients avec un trouble schizophrénique, inclus dans la cohorte FACE-SZ.
Des résultats prometteurs obtenus à l’aide de méthodes statistiques innovantes
A l’aide de modèles statistiques structuraux innovants, cette étude a permis d’identifier que :
> Un meilleur fonctionnement était associé à une qualité de vie plus élevée
> Une meilleure cognition, un niveau élevé de reconnaissance des troubles, des symptômes dépressifs et psychotiques plus importants étaient néanmoins associés à une diminution de la qualité de vie ;
> La réserve cognitive était, quant à elle, liée de manière indirecte à la qualité de vie par le biais de la cognition actuelle. La réserve cognitive pouvant être définie comme la capacité de notre cerveau à conserver certaines de ses fonctions malgré les dommages cérébraux causés par les maladies ou le vieillissement naturel.
« Les facteurs contribuant à la qualité de vie dans la schizophrénie sont complexes et les déterminants présumés s’influencent mutuellement, ce qui démontre la pertinence d’étudier des modèles statistiques intégrant l’ensemble des variables mesurées », explique le Dr Eric Brunet-Gouet, psychiatre au Centre Hospitalier de Versailles.
Une étude longitudinale, menée sur une plus large cohorte de patients suivis au long cours sera nécessaire pour confirmer les résultats de cette étude transversale.
L’intérêt des études intégrant de nombreuses variables
« Nous pensons que les recherches intégrant les nombreuses variables mesurant le devenir subjectif et objectif des patients et les dispositions cognitives et psychologiques sont d’un grand intérêt pour les cliniciens car elles mettent en relief la complexité des phénomènes », indique le Dr Eric Brunet-Gouet.
Ainsi, d’après les résultats de cette étude, il semble essentiel d’explorer la symptomatologie dépressive, identifiée comme un facteur impactant négativement la qualité de vie, afin de permettre une prise en charge optimale des symptômes dépressifs dans le suivi du patient.
Ces recherches présentent un fort intérêt pour les personnes souffrant de schizophrénie : identifier de manière plus précise les facteurs liés à la qualité de vie permettra de mieux comprendre leur complexité et d’ouvrir la voie à de nouvelles pistes de recherche et à de nouveaux traitements plus adaptés.
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Source : Mickael Ehrminger, Paul Roux, Franck Schürhoff, Eric Brunet-Gouet. // Psychol Med // The puzzle of quality of life in schizophrenia: putting the pieces together with the FACE-SZ cohort
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