Créée avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller, cette chaire avait pour ambition de promouvoir une nouvelle approche de l’autisme visant à améliorer le diagnostic, les soins et l’intégration des personnes souffrant d’autisme.
Mieux comprendre l’autisme : l’originalité d’une approche
Pour relever les défis posés par les TSA, l’approche de Thomas Bourgeron et de son équipe se veut transversale. Au-delà de l’identification de mutations génétiques, il cherche à comprendre les effets spécifiques des mutations sur la clinique, l’anatomie et les fonctions cérébrales. A cet effet, il propose une exploration complémentaire poussée qui associe la caractérisation clinique détaillée des patients, le recours à l’imagerie cérébrale et l’examen des principaux symptômes des TSA sur des modèles de souris, à travers l’étude de leurs comportements sociaux et de leurs vocalisations.
Son programme de recherche s’appuie donc sur le développement de deux axes forts et complémentaires :
- l’identification de nouveaux gènes de vulnérabilité à l’autisme: à travers le profil génomique à haute résolution des patients et la caractérisation des phénotypes intermédiaires grâce à la clinique, à l’imagerie cérébrale et la biochimie ;
- la compréhension des mécanismes sous-tendant l’autisme chez l’homme et dans des modèles murins: cet axe de recherche s’appuie sur la caractérisation fonctionnelle des mutations associées à l’autisme ainsi que sur la caractérisation des défauts sociaux et vocaux des modèles de souris portant des mutations dans les gènes déjà identifiés.
Identifier de nouveaux gènes de vulnérabilité à l’autisme
Cette Chaire de trois ans a porté plus spécifiquement sur l’identification de nouveaux gènes de vulnérabilité à l’autisme grâce aux nouvelles techniques de « Whole exome et genome sequencing », réalisée sur la plateforme de l’Institut Pasteur.
Son ambition: comprendre l’hétérogénéité de l’autisme et mieux regrouper les différentes formes d’autisme. En parallèle, son laboratoire a établi des liens étroits avec des structures de soins (sanitaire et médico-sociale) afin d’établir les réseaux qui pourront participer à la réalisation de nouveaux essais thérapeutiques.
Vers l’identification des voies biologiques associées aux troubles du spectre de l’autisme
Les TSA représentent un défi pour les généticiens en raison de leur importante hétérogénéité étiologique. Néanmoins, en 2003, l’équipe de Thomas Bourgeron a été la première à rapporter des mutations des gènes NLGN3 et NLGN4X chez des patients atteints d’autisme ou du syndrome d’Asperger. En 2007, elle a consolidé cette découverte en identifiant dans cette même voie biologique des mutations du gène SHANK3 situé sur le chromosome 22q13. Enfin, le quatrième gène identifié dans cette même voie synaptique était NRXN1 sur le chromosome 2p.
Les travaux conduits dans le cadre de la Chaire ont permis de poursuivre ces investigations, confirmant l’implication de la voie synaptique dans l’autisme et mettant à jour deux autres voies biologiques. Un nouveau gène de vulnérabilité à l’autisme a notamment été découvert, potentiellement impliqué dans le traitement du signal sonore, source d’hyperacousises douloureuses chez certains enfants atteints d’autisme.
Le point avec Thomas Bourgeron
»Identifier les gènes impliqués n’est pas suffisant et nous devons absolument comprendre les mécanismes biologiques qui leur sont rattachés. Cela est essentiel pour améliorer à terme le diagnostic et la prise en charge des patients. Poser un diagnostic génétique permet dans certains cas de préciser le type d’autisme. Dans le cas de l’autisme avec déficience intellectuelle, nous sommes en mesure de déterminer la cause génétique du trouble dans 20 à 30% des cas. Cela permet de mieux comprendre la trajectoire de l’enfant et de faire du conseil génétique. Les familles dont les enfants sont porteurs des mêmes mutations peuvent se rencontrer et partager leur expérience. Cela contribue à rompre leur isolement. Du point de vue des soins, cela autorise les essais cliniques ciblés, avec davantage de chances d’aboutir à un traitement efficace.»
A partir de 2017, les travaux du Pr Thomas Bourgeron se poursuivent dans une nouvelle Chaire Autisme et Cerveau social portée par l’Institut Pasteur avec le soutien de la Fondation Bettencourt Schueller.