L’Express
Quand le corps détraque le cerveau
Le 23 juin 2024, L’Express s’intéressait aux récentes découvertes dans le domaine de la psychiatrie et mettait en lumière un aspect souvent méconnu : le rôle des dérèglements du système immunitaire dans l’apparition de maladies psychiatriques. A travers le témoignage de Clotilde, jeune mère et ancienne manager logistique, il explore le concept de «psychose auto-immune».
En 2019, la rencontre de Clotilde avec le Pr Marion Leboyer, psychiatre aux hôpitaux universitaires Henri-Mondor (AP-HP, Créteil) et directrice de la Fondation FondaMental, lui permet de comprendre l’origine de ses symptômes : son système immunitaire est victime d’un dysfonctionnement et se retourne contre son propre corps. Grâce à un traitement adapté, Clotilde est désormais stabilisée.
La découverte d’autoanticorps dirigés contre des récepteurs cérébraux chez des patients psychotiques remonte à 2017, grâce à des équipes américaines et françaises, dont celles du neurobiologiste Laurent Groc (CNRS, Fondation FondaMental). Depuis, les travaux menés par Uwe Maskos, chercheur en neurobiologie (Institut Pasteur, CNRS) et Marion Leboyer ont permis d’identifier des marqueurs biologiques de cette inflammation, ouvrant la voie à de futurs traitements visant à moduler ces réponses immunitaires délétères. Un essai thérapeutique nommé TiM-DePist est en cours, porté par la Fondation FondaMental en partenariat avec le CNRS, l’université de Bordeaux, le Mircem (centre national de référence des maladies inflammatoires rares du cerveau et de la moelle), et neuf centres hospitaliers en France.
Cette approche, dite « psychiatrie de précision », marque un tournant dans la recherche sur les maladies mentales. Elle cherche à identifier des formes spécifiques de maladies et à les traiter de manière ciblée, comme c’est déjà le cas pour les maladies cardiovasculaires ou le cancer.
