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Traumatismes de l’enfance et risque suicidaire dans la dépression résistante

Publié le 11 mars 2021

L’impact des traumatismes précoces

Les personnes souffrant de dépression résistante au traitement sont plus susceptibles de réaliser une tentative de suicide que celles présentant une réponse favorable au traitement.

Selon plusieurs études, près de 30% des individus souffrant de dépression résistante tentent de mettre fin à leurs jours au moins une fois dans leur vie(1).

Parmi les facteurs de risque de suicide, en plus de l’hérédité et de l’existence d’un trouble psychiatrique, l’exposition à des traumatismes précoces est un facteur prédisposant important.

Évaluer l’association entre traumatismes précoces et risque suicidaire

Cette association entre les traumatismes précoces et l’augmentation du risque suicidaire est désormais bien connue dans le trouble dépressif mais, à ce jour, il n’existe que peu de données concernant les patients présentant un trouble dépressif résistant.

Lors d’une précédente étude, le Dr Antoine Yrondi, responsable du Centre Expert Dépression résistante du CHU de Toulouse, avait étudié le lien entre l’évolution péjorative dans la dépression résistante et la maltraitance infantile. 

Cette fois-ci, c’est l’association entre la présence de traumatismes dans l’enfance et l’apparition du comportement suicidaire qui était au centre de l’étude. Pour cela, 256 patients présentant un trouble dépressif résistant et suivis dans les 13 Centres Experts FondaMental ont été évalués.

Nous avons conduit une nouvelle étude afin d’évaluer si l’association entre les traumatismes précoces et l’augmentation du risque suicidaire est retrouvée dans une population de patients présentant un trouble dépressif résistant. Nous souhaitons également évaluer le rôle potentiel des traits de personnalités et de l’impulsivité dans cette association. 
Explique le Dr Antoine Yrondi

Rôle de l’intensité de l’épisode dépressif et de la négligence physique 

Les résultats mettent en évidence une association entre l’existence d’un traumatisme précoce et l’augmentation du risque suicidaire. Cette association semble liée, en partie, à l’intensité de l’épisode dépressif actuel.

Il semblerait également que la négligence physique au cours de l’enfance soit plus spécifiquement associée au risque suicidaire dans cette population

Cependant, aucun rôle spécifique des traits de personnalités ou de l’impulsivité dans ces associations n’a été démontré.

L’importance de la prise en compte des traumatismes précoces dans l’évaluation du risque suicidaire

Il semble nécessaire d’évaluer de manière systématique les traumatismes précoces et en particulier la négligence physique lors de l’évaluation du risque suicidaire chez des patients présentant un trouble dépressif résistant 
Préconise le Dr Antoine Yrondi 

Se renseigner sur des antécédents de maltraitance infantile permettrait d’identifier les personnes susceptibles de développer un comportement suicidaire et ainsi de proposer une prise en charge adéquate.

La piste des mécanismes biologiques

L’association entre traumatismes précoces et risque suicidaire peut s’expliquer par des mécanismes biologiques liés aux traumatismes précoces. Les personnes ayant vécu un traumatisme au début de leur vie sont plus vulnérables face au stress. 

Le trouble dépressif résistant semble également associé à un dysfonctionnement des réponses immunitaires et inflammatoires. Plusieurs recherches ont exploré le rôle de ces voies biologiques dans les relations entre les traumatismes de l’enfance et les comportements suicidaires chez des patients souffrant de dépression résistante. 

Les résultats de cette étude devraient être confirmés au sein d’une plus large cohorte de patients, en prenant en compte les mécanismes biologiques impliqués. 

Ces recherches ouvrent la voie à l’élaboration de traitements porteurs d’espoir pour les personnes atteintes de dépression résistante et sont cruciales dans le développement d’une médecine de précision.

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1. Dunner et al., J Clin Psychiatry 2006;67(5):688-695 ; Hantouche et al., J. Affect. Disord 2010;127 (1), 305–308 ; Ozcan et al., Psychiatr. Res. 2020;286, 112873. 

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