Pourquoi avez-vous choisi la psychiatrie ?
Les troubles psychiques sont extrêmement fréquents. Ils touchent des adultes jeunes et ont un retentissement important sur leur vie. En choisissant la psychiatrie, je voulais essayer de réduire ce retentissement. Au départ, j’avais moi-même une vision très fausse des troubles psychiques : en apprenant à les connaître, j’ai eu envie de changer la représentation que les gens en ont. Enfin, très rapidement, je me suis rendu compte qu’on était loin d’avoir bien compris ce qui était à l’origine des troubles psychiques et qu’il y avait un vrai défi à relever pour mieux les appréhender, notamment sur le plan de la biologie afin de développer des traitements et des thérapies qui amélioreraient le quotidien des gens. Pour moi, c’était la spécialité qui représentait le plus gros challenge, celle où il y avait le plus de choses à faire.
Quel est votre sujet de thèse ?
Ma thèse, que je fais dans l’équipe 15 de neuropsychiatrie translationnelle de l’institut Mondor de recherche biomédicale Inserm U955, porte sur certaines manifestations de la schizophrénie qu’on appelle les symptômes négatifs. Ceux-ci correspondent aux dimensions de repli social, de désintérêt pour les activités et pour les autres, ainsi qu’à une réduction des expressions à la fois dans le discours et dans les expressions faciales. Ce sont des symptômes très fréquents qui persistent chez plus d’un quart des personnes qui ont une schizophrénie. Si j’ai choisi de m’y intéresser, c’est parce qu’ils sont à l’origine du handicap. Or, aujourd’hui, les médicaments à notre disposition n’ont qu’une action limitée sur eux.
Par ailleurs, on n’en connaît pas les bases neurales, d’où mon choix d’aller les étudier en imagerie (à NeuroSpin au CEA de Saclay). J’ai voulu m’intéresser au cervelet, une région du cerveau qui a une forte densité de neurones et de cortex. On dit toujours qu’il représente 10 % du volume cérébral mais qu’il contient la moitié des neurones du cerveau et 80 % de la surface du cortex. Mon projet va me permettre, d’abord, d’étudier si des anomalies du cervelet sont associées à l’intensité des symptômes négatifs. Puis, je tâcherai d’évaluer si la modulation de l’activité du cervelet par des techniques de neurostimulation non invasives (au sein de la FHU ADAPT) permettent d’améliorer les symptômes négatifs. Ce qui pourrait constituer un traitement que l’on pourrait proposer aux personnes qui ont une schizophrénie avec des symptômes négatifs.
Que faites-vous pour votre santé mentale ?
J’ai appris à identifier quelles étaient mes limites par rapport au stress et au rythme qui nous est souvent imposé à l’hôpital. J’essaye d’écouter mes besoins de sommeil, je fais du sport plusieurs fois par semaine, et je consacre du temps à mes proches. Enfin, j’essaye de partir plusieurs semaines par an pour faire de la plongée sous-marine dans des endroits où je ne capte pas la 3G !