Pourquoi avoir choisi la psychiatrie ?
Honnêtement, à l’origine, je ne me suis pas inscrit en médecine pour devenir psychiatre, mais dès la deuxième année, j’ai commencé à y penser. Les cours m’ont vraiment plu, notamment ceux de Philippe Nuss à Saint-Antoine. Il y a quelque chose de fascinant dans la psychiatrie. Comme je dis souvent, il n’y a pas beaucoup de films sur les fractures du coude, mais plutôt sur les relations entre êtres humains. Et puis quand j’étais de garde, les psychiatres étaient vraiment sympathiques. J’ai eu l’impression qu’il y avait une bonne ambiance dans la profession.
Un peu plus tard, j’ai fait mon internat et j’ai voulu me spécialiser dans les TOC (troubles obsessionnels compulsifs). J’étais passionné par les patients qui sentaient que certaines pensées leur étaient imposées. Les obsessions, ce sont des pensées imposées. Or, personne ne choisit ses pensées ! Pour résumer, la psychiatrie et les TOC, c’était le meilleur moyen pour étudier la pensée.
Quel est votre sujet de thèse ?
Je travaille à caractériser la neurobiologie des comportements répétés. En réalité, le TOC s’inscrit dans une grande famille de comportements répétés que les patients font pour se rassurer encore et encore. Le substrat biologique qui sous-tend les TOC et les troubles du mouvement en neurologie sont très proches. J’ai voulu savoir pourquoi on a parfois affaire à des comportements répétés et d’autres fois à la pensée qui va fonctionner comme un disque rayé. D’où ça vient ? L’idée c’est de chercher cette origine en comparant avec d’autres maladies qui sont proches biologiquement. C’est un travail d’électrophysiologie : on enregistre l’activité des neurones, en vie réelle, pas simplement en laboratoire. On essaie de trouver une signature électrophysiologique propre à chaque trouble. On tente aussi de détecter une trace neurologique qui permette de devancer ce qui va se passer chez le patient, qui nous indique quand il va faire une compulsion ou un TOC. Ce qui permettrait d’anticiper et de traiter de manière adaptée le TOC et les autres troubles du mouvement.
Que faites-vous pour votre santé mentale ?
Je ne vis pas du tout ma thèse comme un moment difficile. Au contraire : j’ai la chance d’évoluer dans une équipe super sympa, avec des chefs qui me font confiance. De plus, le sujet me passionne. Et le grand avantage de ce programme, c’est qu’il me permet de faire ma thèse à plein temps.
Le reste du temps, pour équilibrer, je regarde beaucoup de matchs de foot. Je reste fidèle au foot italien, qui était au sommet quand j’ai commencé à m’y intéresser. Et je ne manque aucun match du PSG, dont je suis supporter. Alors, avec l’élimination en Ligue des Champions, certains pourraient dire que c’est mauvais pour ma santé mentale. Mais quand on a connu les Fabrice Pancrate, Aloísio et Amara Diané, et qu’on a Messi, il faut savoir relativiser !