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Point recherche du 7 juin - Marianne Foiselle

Publié le 7 juin 2023

«La maltraitance infantile entraîne des conséquences sur le système immunitaire qui persistent à l’âge adulte et provoquent une susceptibilité accrue aux maladies psychiatriques.»

Marianne Foiselle, Doctorante, psychologue, Inserm U955, Laboratoire de NeuroPsychiatrie Translationnelle (Pr Marion Leboyer).

La maltraitance des enfants a souvent de graves conséquences à court et à long terme sur leur santé physique, sexuelle et mentale. Nous savons qu’avoir souffert de maltraitance infantile (physique, émotionnelle, sexuelle) est un facteur de risque dans le développement des troubles psychiatriques, notamment dans la schizophrénie et le trouble bipolaire. En effet, 48 % des patients ayant reçu un diagnostic de troubles bipolaires relatent avoir souffert de maltraitance dans leur enfance, et 57 % des patients souffrant de schizophrénie sont également concernés. 

La littérature scientifique a permis de démontrer que les patients souffrant de troubles psychiatriques qui ont été maltraités dans leur enfance ont des caractéristiques cliniques plus sévères que les patients qui n’ont pas été maltraités : non seulement leurs symptômes sont plus sévères, mais les traitements sont aussi moins efficaces pour eux (on parle de « résistance au traitement ») et leurs rechutes sont plus fréquentes. 

Les recherches récentes ont également mis en évidence un profil biologique spécifique chez les patients maltraités, avec un système immunitaire perturbé par une inflammation de bas-grade. Cette inflammation chronique entraine une moins bonne résistance de l’organisme. Or, les chercheurs de la Fondation FondaMental ont mis en évidence les liens entre ce dysfonctionnement immunitaire et un risque accru de développer des maladies psychiatriques

En étudiant les liens entre la maltraitance infantile chez des patients avec un diagnostic de trouble bipolaire ou de schizophrénie et certains types de cellules immunitaires appelées lymphocytes, nous avons pu confirmer que le sous-groupe de patients ayant souffert de maltraitance a un profil immunitaire spécifique. De plus, ce sous-groupe de patients présente un profil clinique (c’est-à-dire un ensemble de symptômes et de caractéristiques observés par le soignant) distinct des patients qui n’ont pas été maltraités. 

Grâce à cette étude, nous confirmons donc que la maltraitance infantile entraîne des conséquences sur le système immunitaire qui persistent jusqu’à l’âge adulte, et qui ont une influence sur les symptômes cliniques des maladies psychiatriques. Ce constat nous permet d’ouvrir la voie vers de nouvelles prises en charge médicamenteuses et psychothérapeutiques adaptées aux patients ayant souffert de maltraitance infantile. 

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