Les troubles dépressifs et les troubles bipolaires, anciennement appelés psychoses maniaco-dépressives, appartiennent à la catégorie des troubles de l’humeur ou dysthymies. Ce sont des troubles psychiatriques sévères parmi les plus fréquents. Ils impactent fortement la qualité de vie des personnes qui en sont atteintes. Améliorer leur diagnostic et leur prise en charge sont des enjeux de premier ordre.
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Le 18 avril 2017, Santé Publique France a publié un Bulletin épidémiologique hebodmadaire (BEH) consacré à la prise en charge de ces troubles de l’humeur entre 2010 et 2014. Pour mener cette enquête, Santé Publique France s’est appuyée sur le Receuil d’information médicalisée en psychiatrie (RIM-P), qui enregistre depuis 2007 toutes les activités ou actes réalisés dans les établissements de santé dans le champ de la psychiatrie.
Une prise en charge stable pour la dépression et en augmentation pour les troubles bipolaires
Au total, entre 2010 et 2014, 80 000 personnes, en moyenne, ont été prises en charge annuellement en France métropolitaine pour des troubles bipolaires, et 300 000 personnes pour des troubles dépressifs. Si l’on observe une relative stabilité de la prise en charge des troubles dépressifs au cours du temps, on observe en revanche une augmentation de celle-ci dans les troubles bipolaires, de 2,6% par an chez les hommes et de 3,4% par an chez les femmes.
Médecine libérale: un choix de prise en charge privilégié ?
Les données recueillies au cours de cette enquête font état d’une différence relativement importante entre la prévalence des troubles dépressifs (entre 5 et 8%) et les troubles bipolaires (entre 1 et 2,5%) retrouvée dans les enquêtes populationnelles et le taux de prise en charge mesuré dans le RIM-P (0,55% pour les troubles dépressifs et 0,15% pour les troubles bipolaires). Cet écart peut probablement s’expliquer par une prise en charge prédominante des patients par la médecine libérale. En effet, le suivi médical des troubles dépressifs, par exemple, est assuré essentiellement en consultation libérale chez le médecin généraliste et, dans une moindre mesure, chez le médecin psychiatre.
Les femmes entre 45 et 59 ans plus exposées aux troubles de l’humeur
Les troubles de l’humeur peuvent toucher tous les hommes comme les femmes à tous les âges de la vie. Néanmoins, les taux les plus élevés de prise en charge ont été observés chez les adultes d’âge moyen, en particulier les femmes entre 45 et 59 ans. L’étude révèle également un taux relativement élevé de troubles dépressifs chez les personnes au-delà de 70 ans, touchant plus fortement les hommes avec l’avancée en âge. Cette augmentation, non retrouvée chez les femmes, serait expliquée par le deuil, la solitude et l’isolement social moins bien supportés par les hommes âgés que par les femmes, ainsi que par une incapacité fonctionnelle et des polypathologies souvent présentes dans cette classe d’âge.
Améliorer la détection et la prise en charge précoce des troubles de l’humeur
Les troubles de l’humeur représentent un réel fardeau en termes de santé publique. Développer les études épidémiologiques est indispensable à une meilleure connaissance des enjeux de prise en charge. Des travaux menés par les équipes de la Fondation FondaMental ont d’ores et déjà démontré la forte prévalence du syndrome métabolique chez les patients atteints de troubles bipolaires et de schizophrénie, ainsi que l’importance de la prévention des conduites suicidaires, responsables d’une mortalité prématurée des patients.