Un sommet international pour partager les perspectives de la psychiatrie de précision
Du 15 au 17 mai 2024, la Fondation FondaMental, en collaboration avec le PEPR PROPSY (Programme-Projet en Psychiatrie de Précision, France 2030) et l’ECNP (European College of Neuropsychopharmacology), est fière d’avoir réuni à Bruxelles, lors du 2e Sommet mondial de la Psychiatrie de Précision, les plus grands experts internationaux de ce domaine mais aussi toutes les parties prenantes du monde académique et de l’industrie, des associations de patients et de soignants, des organismes de réglementation et de financement, des responsables politiques, des décideurs et des associations internationales et des journalistes.
LE REPLAY DE LA CONFERENCE DE PRESSE (en anglais)
Des bases solides pour la psychiatrie de précision
Les maladies du cerveau, psychiatriques et neurologiques, sont complexes, résultant d’interactions entre facteurs génétiques et environnementales. Cette complexité se traduit par une grande hétérogénéité clinique et étiologique entre les patients pourtant atteints d’une même catégorie diagnostique (dépressions, schizophrénies…), rendant difficile le développement d’innovations thérapeutiques précises. “Pour relever ces défis”, déclare Marion Leboyer, directrice générale de la Fondation FondaMental, “une approche plus personnalisée est nécessaire, reposant sur la prise en compte des mécanismes biologiques sous-jacents et de leur évolution au cours du temps”.
“Cela implique de rassembler et d’analyser de grandes quantités de données cliniques, biologiques, digitales et environnementales,” affirme Andrew Miller, professeur de psychiatrie à l’université d’Emory (USA), “mais aussi de repenser les essais cliniques en testant l’efficacité de stratégies thérapeutiques ciblant des mécanismes biologiques précis et proposées à des groupes homogènes de patients identifiés grâce à des marqueurs biologiques sanguins, cérébraux ou digitaux”.
Un traitement personnalisé pour chaque patient grâce aux progrès de la recherche
Les avancées récentes dans les domaines de l’imagerie cérébrale, de la génomique, de la métabolomique, de la caractérisation digitale ont en effet permis d’identifier plusieurs mécanismes neurobiologiques sous-jacents aux troubles psychiatriques. Lors de cette conférence, Martien Kas, président de l’ECNP et professeur à l’université de Groningen, a par exemple mis en évidence « le retrait social » comme étant un domaine commun à plusieurs maladies telles que les dépressions, les schizophrénies et la maladie d’Alzheimer, et sous tendus par des mécanismes biologiques précis. Selon lui, « cette nouvelle approche transversale aura un impact significatif sur le diagnostic et le traitement des maladies du cerveau, et doit nous amener à repenser les catégories diagnostiques existantes. »
Brenda Penninx, vice-présidente du département de psychiatrie de l’université d’Amsterdam, a présenté des avancées majeures dans l’identification et le traitement de dysfonctionnements des systèmes immunitaire et métabolique associés à des troubles psychiatriques. Elle souligne « l’importance d’une prise en charge précoce et efficace des comorbidités somatiques pour améliorer le pronostic et la qualité de vie des patients ».
Ensemble, vers une psychiatrie de précision à l’échelle internationale
Soulignons la présence de scientifiques américains, dont le nouveau président du DSM-6 (Manuel diagnostique et statistique des maladies mentales) Nitin Gotlay. Lors de ce sommet, Bruce Cuthbert, le directeur du RDoC (Research Domain Criteria), a rappelé que « les systèmes diagnostiques évoluent vers la psychiatrie de précision, en confrontant les défis inhérents à l’évaluation de toute thérapeutique et en ouvrant la voie vers des interventions plus précises et personnalisées. »
Le sommet a également été marqué par la présence de plusieurs personnalités de la Commission européenne, dont Andrzej Rys, conseiller scientifique principal de la DG SANTE, et Florence Butlen-Ducuing de l’Agence Européenne des médicaments (EMA), mettant en lumière l’importance croissante accordée à la santé mentale au niveau européen. S’inscrivant dans le cadre du programme «Une approche globale de la santé mentale» lancé l’année dernière par la Commission européenne, ce sommet ouvre la voie à des approches novatrices en matière de recherche et de réglementation dans le domaine de la psychiatrie.
Aujourd’hui, le principal défi des maladies mentales réside dans leur diagnostic et leur traitement insuffisamment précis, malgré leur impact économique colossal (4 % du PIB) et leur incidence majeure sur la qualité de vie des patients. A l’image des avancées réalisées par la médecine de précision ces dernières années dans le domaine des maladies cardiovasculaires et du cancer, la recherche de marqueurs objectifs des diagnostics et le développement de stratégies thérapeutiques ciblées offrent un espoir concret pour près de 800 millions de personnes vivant avec un trouble psychiatrique dans le monde (soit un peu plus de 10 % de la population mondiale, selon l’OCDE) et pour leurs proches.
A propos du PEPR PROPSY
Le Projet-Programme en Psychiatrie de Précision, sélectionné en 2022 dans le cadre des appels d’offre de France 2030 est porté par l’Inserm et le CNRS, et dirigé par le Pr Marion Leboyer. Il a comme objectif de déployer la psychiatrie de précision pour les troubles de l’humeur, les troubles psychotiques et les troubles du spectre de l’autisme. Ses principaux défis sont de découvrir des biomarqueurs pronostiques et de stratification grâce à la construction d’une très grande cohorte de 10 000 patients évalués de manière exhaustive, de mieux comprendre les mécanismes biologiques sous-jacents, de développer des stratégies thérapeutiques ciblées, de créer une nouvelle filière biomédicale de la santé mentale et des maladies psychiatriques et de déployer des actions de formation et d’information afin de sensibiliser la société́ civile et d’augmenter l’attractivité de la discipline.
A propos de l’ECNP :
L’ECNP est le principal forum indépendant d’Europe pour la science des traitements du SNC. Le congrès de l’ECNP présente les meilleures recherches mondiales sur le cerveau, axées sur les maladies, et attire chaque année quelque 6 500 psychiatres, neuroscientifiques, neurologues et psychologues. Le large éventail d’activités, de programmes et d’événements scientifiques et éducatifs de l’ECNP en fait le plus grand soutien non institutionnel à la recherche appliquée et translationnelle en neurosciences et à l’éducation en Europe.
• Contact presse : Tom Parkhill, tom@parkhill.it
A propos des participants
• Marion Leboyer, MD, PhD, est médecin psychiatre, professeur des universités – praticien hospitalier exerçant à l’université Paris Est Créteil (UPEC) et directrice médicale de la Fédération hospitalo-universitaire de médecine de précision en psychiatrie et addictologie (FHU ADAPT, AP-HP), elle est aussi directrice du laboratoire « Neuro-psychiatrie translationnelle » (Inserm) et de la fondation FondaMental et directrice scientifique du PEPR PROPSY (Programme-Projet en psychiatrie de précision) sélectionné dans le cadre de France 2030. Auteur ou co-auteur de plus de 1000 articles internationaux, elle mène des recherches sur les facteurs de vulnérabilité génétiques et environnementaux des maladies mentales, en particulier dans les troubles bipolaires, les schizophrénies et l’autisme, et en Immuno-Psychiatrie.
• Andrew H. Miller, MD, est professeur et vice-doyen à la recherche au Département de psychiatrie et de sciences du comportement de l’École de médecine de l’Université Emory à Atlanta, aux USA. Il est également responsable du programme d’immunologie comportementale d’Emory. Le Pr. Miller est un expert internationalement reconnu dans la recherche sur les interactions entre le cerveau et le système immunitaire dans les troubles dépressifs.
• Martien J.H. Kas, PhD, est professeur de neurosciences comportementales à l’Institut de Groningen aux Pays-Bas. Ses recherches portent sur les stratégies comportementales et les processus biologiques qui sont essentiels chez toutes les espèces et qui sont affectés par divers troubles neuropsychiatriques (par exemple, l’interaction sociale et le traitement de l’information sensorielle). En outre, il est président de l’European College of Neuropsychopharmacology (ECNP), membre du comité de rédaction de Mammalian Genome et coordinateur des projets PRISM1 et PRISM2, deux grands projets IMI (Innovative Medicine Initiative) de l’UE qui visent à élucider les facteurs biologiques sous-jacents au dysfonctionnement social, qui est un symptôme précoce commun à la schizophrénie, la maladie d’Alzheimer et du trouble dépressif majeur.
• Brenda Penninx, PhD, est professeur et présidente du département de psychiatrie de l’UMC d’Amsterdam et leader mondial dans la recherche sur la santé mentale. Depuis 2004, elle dirige l’étude multi-sites Netherlands Study of Depression and Anxiety (NESDA), une étude longitudinale sur l’évolution et les conséquences des troubles dépressifs et anxieux. Elle est largement reconnue pour son approche interdisciplinaire de la recherche sur la santé mentale, qui intègre la psychiatrie, la psychologie, la neuroimagerie, la génomique, la psychoneuroendocrinologie, la sociologie et la médecine comportementale.
Contact presse
Mathilde Couderc – mathilde.couderc@agence-constance.fr – 07 57 68 30 62