Point recherche du 27 mars - Kawtar El Abdellati
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Point recherche du 27 mars - Kawtar El Abdellati

Publié le 27 mars 2024

« Les individus souffrant de maladies mentales présentent un risque accru d’infection et de complications défavorables dues au SARS-CoV-2, le virus responsable du COVID-19. »

Kawtar El Abdellati, chercheuse doctorante à l’Université d’Anvers.  

Des études ont révélé que jusqu’à 30 % des personnes ayant contracté le COVID-19 développent des complications neuropsychiatriques aiguës et chroniques. Ces recherches ont également montré que les individus exposés au COVID-19 sont plus susceptibles de développer de nouveaux symptômes neuropsychiatriques au cours de la première année suivant l’infection par le SARS-CoV-2. Différents facteurs tels que le mode de vie, le tabagisme ou l’exposition à certains produits psycho-pharmaceutiques pourraient aggraver ce risque.

Bien avant la pandémie, nous savions que les personnes souffrant de troubles mentaux étaient plus susceptibles aux maladies infectieuses, suggérant une dysrégulation du système immunitaire chez les patients atteints de maladies mentales qui pourrait déclencher des réponses hyper-inflammatoires et des complications défavorables après une infection par le SARS-CoV-2 chez ces patients.

Malgré le risque accru pour les patients atteints de maladies mentales, tels que les troubles de l’humeur et les troubles psychiques, les estimations fiables de l’exposition des patients dans les établissements hospitaliers au SARS-CoV-2 pendant la pandémie sont rares.

Les lacunes méthodologiques liées au défi d’identifier de manière fiable une exposition passée au SARS-CoV-2 sous-estiment ainsi la véritable exposition au virus. Nous souhaitions donc estimer et comparer la séroprévalence du SARS-CoV-2 et la concentration en anticorps chez les patients psychiatriques et le personnel hospitalier sans antécédents d’infection ou de vaccination au COVID-19. Nous nous sommes également demandé s’il existe des différences entre les patients souffrant de maladies mentales sévères (troubles bipolaires, dépressions résistantes, schizophrénies…) et d’autres troubles psychiatriques tels que l’anxiété ou les troubles de la personnalité, ainsi qu’entre les nouvelles admissions et les hospitalisations prolongées.

Dans cette étude, nous avons recherché la prévalence de l’infection au COVID-19 et son impact sur les patients souffrant de maladies mentales récemment admis ou hospitalisés dans des établissements psychiatriques en France et en Belgique. L’étude a impliqué une analyse approfondie de la séroprévalence de plusieurs anticorps du SARS-CoV-2 parmi 285 patients psychiatriques hospitalisés et a été comparée à 192 membres du personnel hospitalier. Nous avons décrit la séroprévalence du SARS-CoV-2 et la concentration en anticorps, ainsi que les niveaux de cytokines pro-inflammatoires chez les patients psychiatriques nouvellement admis ou hospitalisés sans antécédents connus d’infection au COVID-19, en utilisant des évaluations quantitatives multi-antigènes robustes, et avons comparé l’exposition des patients à celle du personnel hospitalier.

Nous avons constaté qu’une proportion significativement plus élevée de patients psychiatriques hospitalisés (67,85 %) avait été exposée au virus par rapport au personnel hospitalier (27,08 %), mettant en évidence la vulnérabilité de cette population au COVID-19. Les patients présentaient un risque d’exposition au SARS-CoV-2 2,51 fois plus élevé que le personnel hospitalier, et nous n’avons trouvé aucune différence dans la séroprévalence et les concentrations de SARS-CoV-2 entre les sous-groupes de patients. Lorsque nous avons comparé les individus exposés au SARS-CoV-2, nous avons constaté que les patients présentaient une concentration d’anticorps SARS-CoV-2 significativement plus élevée que le personnel hospitalier, alors que les titres n’étaient pas différents chez les individus non exposés au virus.

Les résultats de notre étude ont des implications significatives pour la gestion et les soins des patients psychiatriques dans le contexte de l’exposition à des agents infectieux. Nos conclusions offrent des opportunités de recherche supplémentaires impliquant d’autres voies neuro-inflammatoires déclenchées par l’infection virale, ce qui nous aidera à mieux comprendre ces observations.

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