Point recherche du 15 mai - Baptiste Pignon
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Point recherche | Baptiste Pignon

Publié le 14 mai 2024

« De nombreuses maladies comme les maladies cardiovasculaires et respiratoires sont plus fréquentes chez les patients souffrant de schizophrénie que dans la population générale »

Baptiste Pignon, psychiatre à l’hôpital Albert-Chenevier (AP-HP) à Créteil et membre de l’Alliance FondaMental.

La multimorbidité, c’est-à-dire la coexistence de plusieurs maladies chez un même individu, est courante en psychiatrie, surtout lorsque des maladies non-psychiatriques sont impliquées, et plus particulièrement concernant la schizophrénie. Étudier cette multimorbidité nous donne des pistes pour comprendre les causes de la schizophrénie.

Ce travail se propose d’étudier la chronologie d’apparition de ces maladies dans chaque situation de multimorbidité, en particulier entre la schizophrénie et les maladies suivantes : les maladies cardiovasculaires, métaboliques, respiratoires, auto-immunes et le cancer.

Nos résultats montrent que pour les maladies cardiovasculaires, il existe une prévalence (et une mortalité) accrue chez les personnes atteintes de schizophrénie. Cette association n’est pas entièrement expliquée par des facteurs liés au mode de vie (comme l’alimentation, la sédentarité, le tabagisme, etc.), ni par les traitements médicamenteux.

Les troubles métaboliques et respiratoires suivent un schéma similaire, sauf pour l’association avec la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO), pour laquelle des facteurs de risque connus comme le tabagisme, dont la fréquence est augmentée dans la schizophrénie, pourraient constituer la seule explication.

Les données sur le cancer sont très complexes : selon le type de cancer, le risque pour les personnes atteintes de schizophrénie de développer la maladie peut être augmenté ou diminué. De plus, il est difficile d’établir un lien clair de causalité entre le cancer et la schizophrénie car certains facteurs qui augmentent le risque de schizophrénie ont un effet protecteur contre le cancer, tandis que d’autres facteurs associés au début de la schizophrénie augmentent le risque de cancer. L’association entre cancer et schizophrénie semble cependant être plus forte chez les femmes et pour les cancers féminins (comme ceux de l’utérus et du sein).

Enfin, les maladies auto-immunes sont également associées à la schizophrénie, à l’exception notable de la polyarthrite rhumatoïde.

En résumé, la plupart des maladies étudiées sont plus fréquentes dans la schizophrénie que dans la population générale. Seule une partie de ces changements de prévalence peut être attribuée aux conséquences de la schizophrénie, telles que la nutrition, la sédentarité, le tabagisme ou les médicaments. Plusieurs hypothèses ont émergé de ce travail, comme le rôle des facteurs immunitaires et génétiques, des hormones sexuelles et des facteurs de variabilité plus généraux.

Cette étude rappelle la nécessité d’une psychiatrie de précision pour une meilleure prise en charge des patients dans leur globalité. Il est important de proposer un bilan complet (physique, psychiatrique et neuropsychologique) pour repérer les situations de multimorbidité existantes et proposer au patient un programme thérapeutique adapté, à l’instar de ceux réalisés dans les Centres Experts de la Fondation FondaMental.

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