«En période de pics de pollution aux microparticules, les consultations aux urgences pour troubles psychotiques sont plus élevées.»
Baptiste Pignon, psychiatre à l’hôpital Albert-Chenevier (AP-HP) à Créteil et membre de l’Alliance FondaMental.
Les microparticules (ou particules fines) sont des polluants atmosphériques dont les effets délétères sur la santé – notamment respiratoire et cardiovasculaires – sont bien connus. En revanche, leurs effets sur la santé mentale, et sur la sévérité des troubles psychiatriques, sont moins connus. Dans cette étude, menée avec l’équipe de recherche du Pr Franck Schürhoff, nous avons cherché à savoir si les pics de pollution aux microparticules étaient associés à des décompensations psychotiques ou à des troubles de l’humeur – dépression, ou épisode maniaque d’un trouble bipolaire. Nous avons analysé 11 ans de passages aux urgences psychiatriques dans le Val-de-Marne, et cherché à savoir si les consultations pour troubles psychotiques ou troubles de l’humeur étaient plus fréquentes dans les périodes de pics de pollution aux microparticules. Les données de pollution étaient celles recueillies par les capteurs de pollution répartis sur l’ensemble du Val-de-Marne, et mesurant les concentrations de polluants toutes les heures. Les seuils de pics de pollution utilisés étaient ceux définis par le Haut Conseil de Santé Publique.
Les résultats montraient qu’en période de pics de pollution aux microparticules, les consultations aux urgences pour troubles psychotiques sont plus élevées, et ce indépendamment de potentiels effets de la météo. En effet, sur ces 11 années étudiées, les consultations étaient environ 7 % plus importantes en période de pics. Pour la dépression, l’association était également présente bien que moins forte – autour de 4%. Ces chiffres sont la preuve d’un impact de la pollution atmosphérique sur la santé mentale. Ils corroborent les études identifiant l’urbanité comme facteur de risque de troubles psychiatriques comme la schizophrénie.
Ces données sont les premières du genre en France, et elles tendent à montrer que la pollution aux microparticules a des conséquences délétères non seulement sur les maladies cardiovasculaires et pulmonaires, mais également, sur la santé mentale. Elles offrent des pistes de recherche pour mieux comprendre les facteurs de risque et les facteurs aggravants des maladies mentales.