10 octobre - Journée mondiale de la santé mentale
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10 octobre - Journée mondiale de la santé mentale

Publié le 8 octobre 2020

La Fondation FondaMental appelle à se préparer aux conséquences de la pandémie de Covid 19 sur la santé mentale 

A l’heure où l’on parle de deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, la Fondation FondaMental a contribué à deux publications parues dans L’Encéphale et les Annales médico-psychologiques[1] et donne l’alerte : il faut se préparer à une forte augmentation des besoins en santé mentale et donner aux professionnels de santé les moyens d’agir. 

COVID 19 : L’URGENCE D’AGIR EN PSYCHIATRIE   

« Inévitablement, les besoins de prise en charge en santé mentale vont augmenter dans les semaines et mois à venir et la France n’est pas armée pour y faire face », souligne le Pr Marion Leboyer, directrice de la Fondation FondaMental, psychiatre à l’hôpital Henri Mondor et directeur d’un laboratoire de recherche Inserm.  

Ces derniers mois, l’inquiétude pour soi et pour ses proches, les risques de chômage accrus, les informations souvent anxiogènes, les deuils, l’isolement social ou encore les violences familiales ont augmenté les cas de stress post traumatique, troubles anxieux, addictions, dépressions… 

Les données recueillies montrent l’importance du défi à relever : selon une étude de Santé Publique France la prévalence de l’anxiété en population générale était déjà, en mars, de 26,7%, soit deux fois supérieure au taux observé avant la pandémie, tout particulièrement chez les femmes, les jeunes et les personnes en situation de précarité économique. 

Le seul rempart, c’est la détection et la prise en charge pour réduire les risques d’apparition ou d’aggravation de pathologies psychiatriques, insiste Marion Leboyer.  

UN LIEN QUI DOIT ALERTER : CELUI ETABLI ENTRE INFECTIONS ET TROUBLES PSYCHIATRIQUES 

D’une manière générale, les infections sont associées à un risque élevé de troubles psychiatriques. Une étude italienne Mazza et al., 2020[2], portant sur des patients infectés par la Covid, met en évidence un nombre important de cas de dépression, de troubles stress-post traumatique et de troubles anxieux dans les mois qui ont suivi l’infection.

Les données liées à la Covid 19 sont encore rares mais montrent déjà que le suivi des patients infectés doit être psychiatrique, en plus d’être pulmonaire ou cardiologique (Rogers and al., 2020[3]). L’étude Dantzer et al[4]., 2020 démontre que cette pandémie aura des conséquences psychiatriques à la fois en raison de l’action directe de l’infection sur le cerveau, mais aussi comme conséquence de la réponse immuno-inflammatoire à l’infection, qui aura un effet déclencheur sur les maladies mentales. La dépression, le trouble bipolaire, la schizophrénie et les troubles du spectre de l’autisme sont associés à une augmentation des marqueurs de l’inflammation dans la circulation périphérique et le système nerveux central.

les patients qui ont été infectés par la Covid doivent faire l’objet d’un suivi rapproché afin de repérer et prendre en charge le plus précocement possible les troubles anxio-dépressifs qu’ils pourraient présenter. Parallèlement, des études doivent être menées afin de mesurer le risque de développer des troubles anxio-dépressifs et suicidaires et leur lien avec la persistance de marqueurs de l’inflammation; alerte Marion Leboyer

LES PSYCHIATRES AU CŒUR DU DISPOSITIF DE PRISE EN CHARGE

Alors que la psychiatrie est le parent pauvre du système de soins français, cette épidémie met en lumière la place fondamentale de cette discipline dans la gestion de la pandémie et de ses répercussions. 

Les psychiatres, en lien avec les autres acteurs de santé comme les médecins généralistes et les psychologues, ont un rôle clé à jouer pour prendre en charge les malades mais aussi pour réduire ces risques d’apparition ou d’aggravation de pathologies psychiatriques.  Il est très  important d’informer sur le stress, les troubles du sommeil, les troubles anxieux, les addictions et de rappeler les règles d’hygiène de vie (rythme de sommeil, activité physique, liens sociaux,…). 

Pendant la première phase de la pandémie, de nouveaux modes de prise en charge ont été mis en place, comme la téléconsultation, les dispositifs de veille, les unités Covid… Les outils numériques ont montré leur efficacité, et peuvent maintenant être déployés pour améliorer le diagnostic, maintenir le contact social, surveiller le sommeil… Parallèlement, des études doivent être menées pour permettre de mieux mesurer le suivi de l’accès aux soins et ainsi adapter le changement du système de soins au contexte pandémique et à ses conséquences. 

[1] Daaboul J, et al. Immuno-psychiatrie et pandémie de SARS-CoV-2 : liens et possibles conséquences. Encéphale (2020), https://doi.org/10.1016/j.encep.2020.07.002

Leboyer M, Pelissolo A. Les conséquences psychiatriques du Covid-19 sont devant nous… Annales Médico-Psychologiques (2020), https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0003448720302511

[2] Mazza M, DeLorenzo R, Conte C, Polettia S, Vaia B, Bollettinia I, Teresa EM, Mellonia, Furlan R, Cicerib, Rovere-Querinib P, and the COVID-19 BioB Outpatient Clinic Study group (Francesco Benedetti). Anxiety and depression in COVID- 19 survivors: Role of inflammatory and clinical predictors. Brain, Behavior and immunity Aout 2020 

[3] Jonathan P Rogers*, Edward Chesney*, Dominic Oliver, Thomas A Pollak, Philip McGuire, Paolo Fusar-Poli, Michael S Zandi, Glyn Lewis, Anthony S David. Psychiatric and neuropsychiatric presentations associated with severe coronavirus infections: a systematic review and meta-analysis with comparison to the COVID-19 pandemic. Lancet psychiatry 2020:611-27 

[4] Dantzer R O’Connor JC Freund GG Johnson RW Kelley KW. From inflammation  to sickness and depression:  when the immune system subjugates the brain. Nat Rev Neurosci 2008;9:46-56.

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